Gale, diarrhées, malnutrition… l’urgence sanitaire dans les camps haïtiens

• Par Yvena ISIDOR
• 10-08-2025
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• Le Placentin

Une enquête menée entre le 1er juillet et le 5 août 2025 par MEDIC Haïti et le Mouvement Point Final, dans dix camps de déplacés internes répartis entre Port-au-Prince et Léogâne, met en lumière une crise sanitaire d’une ampleur inédite. Les résultats dressent un tableau sombre où la maladie, la faim et la misère se conjuguent au quotidien.

La gale, conséquence directe de la promiscuité et de l’insalubrité, frappe 98 pour cent des déplacés, enfants comme adultes. Chez les plus jeunes, âgés de un à six ans, les diarrhées et dysenteries touchent 85 pour cent d’entre eux, aggravées par l’eau contaminée, le manque d’hygiène et la présence de parasites intestinaux. La malnutrition, qu’elle soit aiguë ou modérée, atteint huit enfants sur dix, tandis que sept sur dix, âgés de un à dix ans, souffrent d’infections respiratoires aiguës liées à l’air vicié et au surpeuplement.

À cette urgence médicale s’ajoutent des drames humains silencieux. Les infections sexuellement transmissibles progressent, de même que les grossesses précoces et les avortements volontaires. Les violences sexuelles et le harcèlement constituent un danger constant, particulièrement pour les adolescentes et les jeunes femmes, certaines étant entraînées de force dans des réseaux de proxénétisme qui prospèrent au cœur même des camps.

Les personnes âgées ne sont pas épargnées. Dans cet environnement hostile, l’hypertension artérielle et le diabète progressent, sans accès régulier aux traitements nécessaires. Les enquêteurs décrivent des conditions de vie qualifiées d’infra-humaines, où l’insalubrité généralisée et la rareté des soins médicaux transforment chaque jour en une lutte pour la survie.

Face à un tel tableau, l’État doit non seulement mettre en place un accompagnement immédiat et durable, mais aussi s’attaquer résolument au gangstérisme, afin de permettre à ceux qui le peuvent encore de regagner leur domicile. C’est à ce prix seulement qu’il sera possible de freiner la spirale des dégâts humains et sociaux qui se profile.