Entre janvier et septembre 2025, au moins 84 personnes, dont quatre policiers haïtiens et deux membres de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) de nationalité kényane, ont été tuées dans au moins 24 massacres et attaques armées perpétrés par des gangs opérant dans le département de l’Artibonite. Ces violences ont touché 25 localités et villes situées dans huit des dix-sept communes du département, selon un rapport publié par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).
Le RNDDH précise que ces données proviennent de multiples sources, notamment les autorités locales, les organisations de la société civile, les victimes et leurs proches. Les pertes humaines sont accompagnées de dégâts matériels considérables. Six institutions étatiques ont été vandalisées ou incendiées, dont les commissariats de Liancourt, Marchand-Dessalines et Montrouis, le sous-commissariat de La Chapelle ainsi que les tribunaux de paix de Liancourt et de La Chapelle.
Des centaines de maisons ont été pillées ou brûlées, et plusieurs véhicules détruits, parmi lesquels quatre blindés, deux voitures dont une appartenant à la Police nationale d’Haïti (PNH) ainsi que de nombreuses motocyclettes appartenant tant à des particuliers qu’à l’institution policière. D’autres véhicules roulants ont également été volés. Lors de l’attaque contre le commissariat de Marchand-Dessalines, au moins trois prévenus ont été libérés par les assaillants.
Les autorités judiciaires de Saint-Marc et des Gonaïves, rencontrées par le RNDDH, ont confirmé la gravité de la situation tout en reconnaissant qu’il est difficile d’établir un bilan complet des violences survenues dans le département. Le commissaire du gouvernement de Saint-Marc, Venson François, a indiqué que des démarches ont été entreprises pour engager des poursuites contre les auteurs de ces attaques. À titre d’exemple, après le massacre survenu à Préval le 20 mai 2025, une correspondance a été adressée à la Direction départementale de la Police de l’Artibonite afin de permettre au juge de paix de Petite-Rivière d’effectuer les constats nécessaires à l’ouverture d’une enquête.
Un mandat a été émis contre Lucson Élan, chef du gang « Gran Grif », basé à Liancourt. En revanche, aucune mesure similaire n’aurait été prise à l’encontre des responsables du groupe armé dénommé « La Coalition », opérant à Jean Denis, parmi lesquels figurent Francky Pierre, alias Ti Mepri, et Jean Baptiste Mercidieu, bien que plusieurs témoignages aient pointé leur implication directe dans les attaques recensées.
Le RNDDH appelle une fois de plus les autorités judiciaires et policières à agir avec fermeté et cohérence afin de freiner la spirale de violence qui continue de semer la mort et la terreur dans l’Artibonite.
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