Haïti, terre de paradoxes, vient une fois de plus d’écrire une page d’histoire digne d’un roman de science-fiction politique. Jimmy Chérizier, alias Barbecue, l’homme qui a redéfini le concept de « gouvernance par la terreur », a annoncé que sa coalition de gangs, "VIV ANSANM", se mue désormais en parti politique. Une déclaration qui ferait sourire si elle ne symbolisait pas le gouffre moral dans lequel s’enlise le pays.
VIV ANSANM : Le triomphe de l’impunité : En déclarant sa coalition comme un parti politique, Barbecue ne fait que formaliser ce que les gangs représentent déjà : un pouvoir parallèle, bien souvent toléré, voire utilisé, par les politiciens eux-mêmes. Pourquoi s’indigner qu’un chef de gang aspire à devenir un homme d’État, quand tant de criminels en col blanc occupent déjà ces fonctions ?
Les pourvoyeurs d’armes : Les vrais parrains des gangs Mais Barbecue et ses acolytes ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans l’ombre, des figures politiques et économiques influentes alimentent ces gangs en armes et munitions, assurant ainsi leur survie et leur expansion. Ces leaders corrompus, avides de contrôle et de chaos calculé, sont les véritables architectes de cette machine infernale. En échange de loyauté ou de services douteux, ils fournissent aux gangs les moyens de maintenir la population sous leur joug. Ces alliances ténébreuses entre politiciens et chefs de gang révèlent une vérité dérangeante : ceux qui prétendent représenter le peuple sont souvent ceux qui tirent les ficelles de sa souffrance.
Une responsabilité partagée : le rôle des acteurs étrangers : Il serait hypocrite de ne pointer du doigt que les acteurs locaux. Les puissances étrangères, en quête de stabilité à leur avantage, et certaines institutions internationales, complices passives ou actives, ont contribué à nourrir ce climat de violence. Que ce soit par des politiques économiques destructrices, des accords déséquilibrés ou une indifférence coupable face aux souffrances du peuple haïtien, leur rôle dans la débâcle actuelle est indéniable.
Quand la morale n’a plus de place : Le problème n’est pas seulement Jimmy Chérizier, mais ce qu’il représente : une société où les valeurs sont inversées, où le crime devient un tremplin vers le pouvoir. Pourtant, accuser uniquement Barbecue serait faire preuve d’hypocrisie. N’oublions pas que ce sont les mêmes élites politiques qui, par leur corruption et leur incompétence, ont permis l’émergence de figures comme lui.
Dans un pays où la justice est en suspens, où les conseillers corrompus de la BNC défient l’État de droit, et où les banques commerciales étranglent les petites gens, est-il surprenant qu’un chef de gang se sente légitime à briguer une place dans le grand théâtre politique ?
Un pays à genoux, mais pas sans espoir : La déclaration de Barbecue est une gifle à la face de la nation, mais elle pourrait aussi être un réveil brutal. Si les Haïtiens refusent de se lever face à cette mascarade, alors Barbecue et ses semblables continueront à dicter les règles du jeu. Mais si, à l’inverse, ce scandale pousse le peuple à demander des comptes non seulement aux gangs, mais aussi aux politiciens véreux, alors peut-être qu’un jour, Haïti pourra renaître. En attendant, le spectacle continue, et la scène politique haïtienne accueille son nouveau personnage principal. Barbecue, politicien ? Après tout, dans un pays où les élites politiques ne valent pas mieux que lui, peut-être est-il simplement le reflet le plus honnête d’un système où le crime n’a jamais cessé d’être un outil de pouvoir.
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