La Chine, le Mexique et le Canada ne comptent pas se laisser faire. Pékin a promis dimanche 2 février de répliquer aux nouveaux droits de douane américains sur ses produits officialisés par Donald Trump, en réaffirmant que les guerres commerciales ne faisaient «pas de vainqueurs».
Le président républicain a imposé la veille 10% de taxes supplémentaires à celles déjà existantes sur les biens provenant du deuxième plus important partenaire des États-Unis, derrière le Mexique. Ce dernier, qui absorbe plus de 80% des exportations américaines, se voit quant à lui imposer des droits de douane à 25%. Idem au Canada. De quoi agacer les chefs d’État.
Le commerce sino-américain a représenté environ 500 milliards d'euros sur les 11 premiers mois de 2024 mais la balance est grandement en défaveur des États-Unis, avec un déficit de quelque 260 milliards d'euros sur la période, selon les chiffres de Washington. «La Chine est vivement mécontente et s'oppose fermement» au relèvement des taxes, a fustigé le ministère du Commerce dans un communiqué, en annonçant des mesures «correspondantes pour protéger résolument» les «droits et intérêts» chinois. «Il n'y a pas de vainqueurs dans une guerre commerciale ou une guerre de droits de douane», a assuré le ministère des Affaires étrangères dans un autre communiqué.
Pékin a annoncé porter plainte contre Washington auprès de l'Organisation mondiale du commerce pour ce qu'il a qualifié d'«imposition unilatérale de droits de douane en violation sérieuse des règles de l'OMC». Ces taxes ne sont «pas seulement inutiles à la résolution des problèmes des États-Unis, elles sapent aussi une coopération économique et commerciale normale», a dénoncé le ministère du Commerce. «La Chine espère que les États-Unis vont objectivement et rationnellement regarder et s'occuper de leurs problèmes tels que le fentanyl, plutôt que de menacer à tout bout de champ d'autres pays avec des droits de douane», a-t-il poursuivi. Pékin «exhorte les États-Unis à corriger leurs pratiques erronées, (...) à faire face à leurs problèmes, à avoir des discussions franches, à renforcer la coopération et à gérer les différences sur la base de l'égalité, du bénéfice et du respect mutuels», toujours selon le communiqué du ministère.
De son côté, le Canada va également mettre en place des droits de douane sur les produits américains en représailles à ceux annoncés plus tôt par le président américain. «Si le président Trump veut inaugurer un nouvel âge d’or pour les États-Unis, la meilleure voie est de s’associer avec le Canada, et non de nous punir», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse au ton très dramatique.
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, n’a pas non plus manqué de réagir à la suite des annonces de Donald Trump. Dans un message cinglant sur X, la présidente de gauche nationaliste a annoncé «des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique», en représailles aux droits de douane annoncés le même jour par Washington, justifiés par la volonté de forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux États-Unis. La Maison-Blanche a aussi affirmé, sans fournir de preuves, que les cartels de la drogue mexicains avaient noué «une alliance avec le gouvernement du Mexique». «Nous rejetons catégoriquement la calomnie de la Maison-Blanche qui accuse le gouvernement mexicain d’avoir des alliances avec des organisations criminelles», a rétorqué la présidente mexicaine.
Elle a accusé en retour les fabricants d’armes des États-Unis de vendre des armes «à ces groupes criminels» mexicains. Claudia Sheinbaum a avancé que son gouvernement avait saisi «40 tonnes de drogues dont 20.000 doses de fentanyl» en quatre mois. Elle a mis au défi le gouvernement et les agences officielles des États-Unis de «combattre la vente de stupéfiants dans les rues de ses principales villes, ce qu’ils ne font pas, et le blanchiment d’argent». La dirigeante a cependant proposé au président Trump de constituer «un groupe de travail avec nos meilleures équipes de sécurité et de santé publique». «Ce n’est pas avec l’imposition des droits de douane que l’on trouve des solutions aux problèmes, mais en parlant et en dialoguant comme nous l’avons fait ces dernières semaines avec son département d’État pour aborder le phénomène de la migration; dans notre cas, dans le respect des droits humains», a ajouté la présidente mexicaine.
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