Chaque 30 août, le monde se souvient des victimes de disparitions forcées. Instaurée par l’ONU, cette journée honore les personnes disparues et rappelle aux États leur responsabilité de prévenir et de sanctionner ces violations graves des droits humains.
En Haïti, le phénomène des disparitions forcées s’inscrit dans une crise sécuritaire et sociale persistante. Les quartiers populaires de Port-au-Prince, mais aussi plusieurs villes de province, sont souvent le théâtre de violences perpétrées par des gangs armés, dont l’emprise sur la population ne cesse de croître. Dans ce climat, des citoyens disparaissent parfois sans laisser de traces, et leurs familles sont laissées dans l’angoisse, souvent sans aucune information ni soutien. Les mécanismes de l’État pour protéger la population apparaissent insuffisants, et l’impunité devient une norme qui alimente la peur et la méfiance.
Les victimes de ces disparitions sont fréquemment parmi les plus vulnérables. Jeunes, femmes, militants sociaux, activistes ou simples citoyens pauvres, ils se retrouvent pris au piège d’un système où le droit à la sécurité et à la justice est quasi inexistant. Les disparitions s’accompagnent souvent de violences physiques ou psychologiques, et il n’est pas rare que certains témoignages soient étouffés par des pressions ou des menaces. Pour les familles, la douleur est double : l’absence d’information et l’impossibilité de faire reconnaître les crimes.
L’ONU et ses agences, en particulier le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), insistent sur l’importance de mesures concrètes pour protéger les populations à risque. Ces mesures incluent le suivi rigoureux des cas de disparitions, la mise en place de programmes d’assistance pour les familles, et la formation des forces de l’ordre pour mieux prévenir les violations. L’ONU encourage également la coopération internationale afin que les auteurs de ces crimes soient poursuivis et que la justice soit rendue, dans le respect des normes internationales.
Pourtant, sur le terrain, la situation reste critique. Les laissés-pour-compte, les sans-voix et les personnes vulnérables continuent de subir les abus des gangs et parfois des autorités locales. Les disparitions sont souvent éclipsées par d’autres urgences sécuritaires, et le silence de l’État laisse place à un sentiment d’injustice et d’abandon. Les familles, sans soutien, doivent naviguer seules entre peur, intimidation et démarches administratives inefficaces.
Dans ce contexte, la Journée internationale des victimes de disparitions forcées rappelle l’urgence d’un engagement collectif. Les institutions nationales doivent renforcer leur capacité d’action, garantir la protection des citoyens et assurer un accès effectif à la justice. La communauté internationale, pour sa part, est appelée à soutenir Haïti, à travers des mécanismes de coopération et de pression diplomatique, pour que cesse l’impunité et que les victimes retrouvent leur dignité.
Cette journée est également un moment de mémoire et de mobilisation. Elle invite à ne pas oublier les disparus, à rendre visibles les laissés-pour-compte et à reconnaître le courage des familles qui réclament vérité, justice et réparation. En Haïti, comme ailleurs, la fin des disparitions forcées dépend d’une volonté politique forte et de la solidarité de tous ceux qui refusent que la peur devienne une loi.
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