Kamala Harris ou Donald Trump ? Alors que les Américains sont appelés à se rendre aux urnes le 5 novembre, le résultat définitif de cette élection présidentielle pourrait prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
En 2020, il avait fallu trois jours pour que les médias américains déclarent Joe Biden président des États-Unis. Cette année, les résultats risquent d'être plus longs, notamment parce que la course à la Maison Blanche entre les deux candidats s'annonce très serrée. Quelques jours avant l'ouverture des bureaux de vote, aucun sondage ne semble encore pouvoir les départager. Cette quasi-égalité ne risque pas de faciliter le dépouillement, déjà complexe dans le pays.
Le processus de vote est, en effet, très sécurisé car chaque bulletin doit être vérifié et validé. Ainsi, lors du dépouillement, il faut s'assurer que la signature soit la bonne mais aussi que l'électeur n'a pas tenté de voter une deuxième fois en personne. Une fois ouvert, le bulletin doit également être aplati pour être placé dans un tabulateur, une machine utilisée pour compter les votes. Depuis 2020, le vote par correspondance s'est aussi démocratisé et ces bulletins prennent plus de temps à être comptabilisés.
Des décomptes interminables : À cela s'ajoute le fait que le vote par correspondance est régi par des législations différentes selon les États. Dans certains, il est interdit de commencer le « prétraitement » de ces bulletins avant le jour de l'élection. À la fermeture des bureaux de vote, les autorités locales doivent donc tout traiter simultanément : les votes par correspondance et les votes déposés dans les urnes. Or, parmi ces territoires se trouvent des États clés, susceptibles de faire basculer l'élection comme la Pennsylvanie ou le Wisconsin, retardant ainsi le résultat définitif. Comme l'indique le New York Times, Ann Jacobs, la présidente démocrate de la Commission électorale du Wisconsin, a déjà prévenu : « Le Wisconsin n'aura pas de résultats complets le soir de l'élection ».
Historiquement, certains États mettent aussi plusieurs jours pour terminer le décompte. L'Arizona ou le Nevada – eux aussi des États clés – sont notamment concernés. De par la grandeur de leur territoire et du nombre d'habitants, le volume de bulletins à traiter et regrouper est plus long que pour d'autres zones géographiques. « Nous avons toujours pris 10 à 13 jours avant de voir des résultats officiels, et c'est toujours ainsi que nous procédons », a indiqué Adrian Fontes, le secrétaire d'État démocrate de l'Arizona.
Le spectre du « mirage rouge » : De la même façon, certains États pourraient être amenés à recompter les bulletins en cas de marge de victoire faible. Mis sous pression depuis que Donald Trump a accusé les démocrates de lui avoir volé l'élection en 2020, les responsables électoraux et les autorités locales seront particulièrement vigilants pour assurer la précision de leur décompte. En 2020, Donald Trump était en tête dans certains États, avant d'être rattrapé par Joe Biden. Le milliardaire s'était alors servi de ce « mirage rouge » pour accuser les démocrates d'avoir détourné les votes, dénonçant une « fraude électorale massive ». Depuis, des millions de républicains croient toujours que l'élection de 2020 a été truquée, malgré les nombreuses dénégations des autorités.
En réalité, le « virage bleu » qui avait donné l'avantage à Joe Biden s'explique par le fait que beaucoup plus de démocrates que de républicains ont choisi de voter par correspondance, leurs votes ont donc été enregistrés plus tard. De la même manière, les démocrates sont plus nombreux dans les zones urbaines, plus peuplées et dans lesquelles le décompte est plus long. Il faudra donc être patient une fois la fermeture des bureaux de vote le 5 novembre pour connaître le nom du nouveau ou de la nouvelle présidente des États-Unis. D'autant plus que les Américains font face à une nouvelle vague d'infox, avec notamment des allégations de fraude électorale ou de possibles irrégularités pendant le dépouillement.
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