Corruption : près de la moitié des dossiers de l’ULCC disparus dans le système judiciaire

• Par Jean Rony Poito PETIT FRERE
• 20-09-2025
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• Le Placentin

L’organisation Ensemble contre la Corruption (ECC) tire une nouvelle sonnette d’alarme sur la gestion judiciaire des affaires de corruption en Haïti.

Dans un rapport rendu public le 12 août 2025, rapporté par le journal Rezo Nòdwès, elle révèle qu’une part importante des dossiers transmis à la justice au cours des deux dernières décennies s’est tout simplement volatilisée.

Entre 2005 et 2024, l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) et l’Unité Centrale de Renseignement Économique et Financier (UCREF) ont référé 166 dossiers aux autorités compétentes. Or, 71 d’entre eux, soit 42,77 %, sont aujourd’hui introuvables dans les circuits administratifs et judiciaires.

Quant aux 95 dossiers restants, leur traitement reste parcellaire : • 4 ont abouti à un jugement, • 11 sont toujours en instruction, • 4 en appel, • 3 à la Cour supérieure des comptes, • et 42 stagnent au niveau des substituts du commissaire du gouvernement.

Certains cas, à l’image de celui de l’Université publique de l’Artibonite, trainent depuis plusieurs années et se retrouvent désormais devant la Cour de cassation.

ECC attribue cette disparition massive de dossiers à une combinaison de facteurs structurels et sécuritaires : incendies de tribunaux, délocalisations, cambriolages, mais aussi départ de magistrats emportant avec eux des pièces essentielles.

Ce constat illustre, une fois de plus, la fragilité du système judiciaire haïtien et son incapacité chronique à assurer la traçabilité et le suivi des affaires de corruption. Pour l’organisation, cette situation ne fait qu’alimenter le cycle de l’impunité. Elle plaide pour des réformes urgentes, afin de renforcer les mécanismes de gestion et de conservation des dossiers sensibles.