Haïti traverse une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. Plus de 1,3 million de personnes sont déplacées, et près de la moitié de la population souffre de la faim. Pour William O’Neill, spécialiste des droits humains, le désespoir est au cœur de la prolifération des gangs et des groupes d’autodéfense. Selon lui, ce phénomène n’est pas une abstraction : il reflète une réalité vécue quotidiennement par des millions d’Haïtiens.
L’expert souligne que de nombreux jeunes se retrouvent entraînés dans ces réseaux par nécessité. Il rapporte le cas d’un garçon d’une douzaine d’années, enfant des rues, qui avait été recruté par un gang contre un repas quotidien et un peu d’argent. Ce type de situation illustre, selon O’Neill, la pauvreté extrême et l’absence d’options pour les enfants des quartiers les plus vulnérables.
La vie dans les zones contrôlées par les gangs est marquée par la peur et l’insécurité. O’Neill explique que la criminalité organisée agit comme une mafia qui vit aux crochets des habitants, compromettant gravement leurs droits fondamentaux : à la vie, à l’alimentation, aux soins de santé, à l’eau potable, au logement et à l’éducation. Il souligne également que certains responsables restent populaires malgré des accusations graves, en raison de la faiblesse des institutions.
Face à ces chefs de gangs retranchés, les forces de sécurité ont recours à des méthodes controversées, notamment des drones kamikazes. Pour O’Neill, ces frappes posent de sérieux problèmes de droits humains, car la police n’est autorisée à utiliser la force létale que dans des circonstances très limitées, ce qui n’est pas le cas dans ces opérations.
Malgré ce constat alarmant, l’expert estime que la situation n’est pas irréversible. Il affirme qu’Haïti pourrait surmonter la violence des gangs si la communauté internationale s’implique concrètement : une force multinationale équipée, des sanctions ciblées et l’arrêt du flux d’armes pourraient rétablir la sécurité. Selon lui, la population déteste les gangs, et ces mesures combinées pourraient rapidement mettre fin à l’impunité et redonner espoir au pays.
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