Le référendum, présenté comme une « obligation politique pour avancer », s’est transformé en un gigantesque gaspillage. Des millions dépensés pour des consultations prétendues, des experts payés à prix d’or, des rencontres organisées sans résultat. Commissions ici, commissions là, experts nationaux et étrangers… tout cela pour un texte jamais vraiment appliqué.
Comme le souligne Lyonel Trouillot dans son article pour Ayibopost, la Constitution de 1987 était accusée de tous les maux. Certains voulaient la modifier ou la remplacer pour renforcer le pouvoir présidentiel et réduire la représentation populaire. Mais pour une majorité d’Haïtiens, ce texte reste la conquête essentielle de la liberté d’expression depuis la chute des Duvalier. Cette majorité refuse de céder face aux pressions de certains politiciens haïtiens et de la « communauté internationale ».
Aujourd’hui, le CPT et le « gouvernement » envisagent des élections sous l’égide de la Constitution de 1987. La modifier, voire la remplacer, n’était donc pas indispensable. Toute consultation populaire aurait rejeté les nouvelles propositions. Persister dans cette voie aurait été une folie coûteuse.
L’absurdité est manifeste : si les conditions ne sont pas réunies pour un référendum, comment le seraient-elles pour organiser des élections crédibles ? Et pourtant, ce sont ceux qui réclamaient urgemment le changement constitutionnel qui ont poussé le CPT à abandonner l’idée du référendum. Yoyo politique, incapacité à lire le mécontentement populaire… la leçon est claire.
La Conférence nationale est elle aussi tombée à l’eau. Le vrai enjeu se joue désormais en coulisses : la situation politique du pays en février 2026. C’est à cette échéance que les actions des politiciens devraient se concentrer, plutôt que de gaspiller encore temps et argent dans des projets voués à l’échec.
Comme le rappelle Lyonel, mépriser le mécontentement populaire coûte cher. Les maîtres étrangers peuvent vous contraindre à abandonner un projet de Constitution, tout comme ils peuvent faire tomber un pouvoir qui ne tient que grâce à leur soutien. Haïti ne peut plus se permettre de suivre ce yoyo politique.
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