Haïti traverse aujourd’hui le plus grand exode interne de son histoire récente : 1,4 million de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tire la sonnette d’alarme face à cette crise humanitaire sans précédent.
Les violences des gangs, qui contrôlent désormais la quasi-totalité de Port-au-Prince, ont poussé de nombreuses familles à fuir vers le Plateau Central et l’Artibonite, où près des deux tiers des nouveaux déplacés se concentrent. Le nombre de sites de déplacement improvisés a presque doublé en moins d’un an, passant de 142 à 238. Beaucoup de ces lieux sont surpeuplés et dépourvus des services essentiels, comme l’eau, la nourriture et les soins médicaux, précise l’OIM dans un communiqué.
Malgré ces conditions extrêmement précaires, les communautés locales continuent d’accueillir les déplacés, hébergeant environ 85 % d’entre eux. Les femmes et les enfants, qui représentent plus de la moitié de cette population vulnérable, restent particulièrement exposés à la violence, à la malnutrition et aux maladies.
La situation se complique avec le retour forcé de plus de 207 000 Haïtiens expulsés de République dominicaine depuis janvier 2025, ajoute-t-elle. Ces retours massifs exercent une pression supplémentaire sur des ressources déjà limitées et compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire, alors que les besoins continuent de croître de manière inquiétante.
« La solidarité des communautés haïtiennes doit être soutenue par un appui international », insiste Grégoire Goodstein, chef de mission de l’OIM en Haïti. L’organisation recommande un financement renforcé, un accès élargi à l’aide et la mise en place de solutions durables pour protéger les déplacés, sécuriser les sites et soutenir les communautés d’accueil.
Face à cette urgence, l’inaction des autorités haïtiennes est alarmante. Depuis la démission du Premier ministre en 2024 et la direction assurée par un Conseil présidentiel de transition, aucun plan efficace n’a été mis en place pour répondre à cette crise. Selon l’OIM, sans une mobilisation immédiate et coordonnée de l’État et de la communauté internationale, des centaines de milliers de personnes continueront de vivre dans la violence, la faim et la précarité, aggravant une situation déjà dramatique.
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