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Société

Croissance urbaine incontrôlée : le Cap-Haïtien face à ses limites géographiques

Le Cap-Haïtien se retrouve aujourd’hui au cœur d’une crise urbaine alimentée par une croissance que les autorités ne parviennent plus à canaliser. Malgré l’existence de multiples plans, la ville s’étend dans une désorganisation qui s’aggrave d’année en année.

Interrogée par AyiboPost, la spécialiste en urbanisation Rose-May Guignard estime que le Cap-Haïtien souffre moins d’un manque de plans que d’un manque d’exécution. Selon elle, les nombreux schémas d’aménagement produits depuis la fin des années 1990 sont restés dans les tiroirs, faute de volonté politique et de gouvernance efficace pour les mettre en œuvre.

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Ce déficit de gouvernance se conjugue à une pression démographique croissante. Le dernier rapport de l’OIM, publié en juin 2025, fait état de près de 140 000 déplacés internes arrivés dans le Grand Nord pour fuir l’insécurité de Port-au-Prince et de l’Artibonite, un bond significatif par rapport aux 85 000 personnes recensées en décembre 2024. Cette arrivée massive exacerbe les difficultés d’une ville déjà dépassée par ses besoins en logements et en services essentiels.

Pourtant, l’espace constructible est extrêmement limité. « Le Cap ne peut plus réellement s’étendre », avertit le maire Patrick Almonor, rappelant que la commune est enclavée entre la mer et les montagnes du Morne Jean. La topographie du Morne Haut-du-Cap, la présence de la baie, de la rivière Haut-du-Cap et du bassin Rodo restreignent encore davantage les possibilités d’un développement urbain structuré.

Faute de planification et d’infrastructures adéquates, l’expansion s’est concentrée dans les quartiers périphériques, notamment Cité Lescot, La Fossette, Barrière Bouteille, Nan Banann, Cité du Peuple, Cité Chauvel ou Vertières. Ces espaces, développés en marge du centre historique, présentent un habitat très dense, un accès limité à l’eau potable et à l’électricité, ainsi qu’une exposition accrue aux inondations et aux risques sanitaires.

Ces vingt dernières années, des zones autrefois verdoyantes comme Bas Aviation, Blue Hills ou Fort Bourgeois se sont transformées en quartiers densément peuplés. Cette expansion non maîtrisée révèle une ville limitée par sa géographie et une gouvernance incapable de suivre son rythme.

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Yvena ISIDOR

Journaliste

Journaliste, à la fois présentatrice de radio et rédactrice depuis 2021, Professeure de mathématiques avec une formation en génie civil, militante dans le monde culturel comme animatrice de club d'art et de spectacle.

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