Sur tous les fronts, l'administration Trump vient de tordre le cou à un projet de recherche sur les protections féminines, affirmant, à tort, qu'il devait concerner les hommes transgenres, nouvel exemple des divisions aux États-Unis et du poids de la désinformation.
Le projet, qui devait recevoir une subvention fédérale de 600.000 dollars, a été torpillé dans le cadre de la cure d'amaigrissement drastique qu'Elon Musk fait subir aux dépenses publiques depuis que Donald Trump l'a nommé à la tête de la fameuse commission Doge. Mais pour justifier cette annulation le mois dernier, l'administration républicaine n'a pas hésité à recourir à la désinformation: la ministre de l'Agriculture Brooke Rollins a affirmé que le projet visait à étudier «les cycles de menstruation chez les hommes transgenres».
Baptisé «Project Farm to Feminine Hygiene», le projet consistait en fait à rechercher des alternatives aux protections synthétiques habituelles, par exemple en recourant à des fibres comme le coton, selon plusieurs sources, dont le ministère de l'Agriculture. Le mot «transgenre» figurait bien dans le projet de subvention, mais seulement pour expliquer que les hommes transgenres «peuvent aussi avoir des règles».
L'Université Southern de Louisiane, qui devait mener cette recherche, a souligné dans un communiqué qu'il ne s'agissait en aucun cas «d'une étude sur les cycles menstruels». Mais la communauté transgenre est devenue l'une des principales cibles des divisions entre progressistes et conservateurs, accentuées par l'extrême droite à la faveur du retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier dernier.
Le milliardaire républicain a signé dès son arrivée à la Maison Blanche un décret ordonnant de ne reconnaître officiellement que deux sexes, féminin et masculin, attribués à la naissance. Il a aussi justifié l'élimination d'autres programmes, par exemple une expérimentation qui aurait soi-disant visé à changer le sexe des souris.
Relayée sur les réseaux sociaux, l'accusation de la ministre de l'Agriculture a vu s'enchaîner les commentaires appelant à sanctionner tout fonctionnaire associé à cette initiative académique, en les licenciant ou en les amenant devant la justice. La polémique a pris une telle ampleur que Samii Kennedy Benson, la professeure chargée de chapeauter cette recherche, craint pour sa sécurité, selon plusieurs sources contactées par l'AFP.
Le projet visait aussi à informer les femmes en matière de menstruations et à mettre en place un site de production de fibres, en partenariat avec une initiative du nom d'Acadian Brown Cotton, spécialisée dans la production de fibres et qui plaide pour une agriculture «durable». «Comme d'habitude, cette annulation, motivée par la haine, n'a aucun sens», tempête une des responsables d'Acadian Brown Cotton, sous couvert d'anonymat. «C'est un énorme gâchis pour les femmes», a aussi dénoncé la fondatrice de cette initiative, Sharon Donnan, dans une lettre à un responsable politique local de Louisiane.
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