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Société

À Petion-ville, la population boycotte la distribution des kits du gouvernement

Les kits d’urgence distribués aux déplacés par le gouvernement haïtien ont coûté 250 millions de gourdes. Mais ces aides humanitaires, bien qu’elles soient nécessaires à court terme, ne répondent qu’à une partie infime des véritables besoins des déplacés. Si la nourriture et les produits d’hygiène sont importants, les témoignages des personnes affectées révèlent que ce qui leur manque réellement, c’est la sécurité. La crainte des gangs et la violence quotidienne sont leurs préoccupations majeures.

Jean Robert, un déplacé de Delmas 30, témoigne : "Recevoir des kits de nourriture, c’est bien, mais ce dont nous avons besoin, c’est de protection. Nous vivons dans la peur permanente, nous ne savons jamais si, cette nuit, nous serons attaqués par les gangs. Personne ne vient nous aider à nous protéger, alors pourquoi nous donner de la nourriture si nous ne pouvons même pas dormir en paix ?"

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Ces témoignages font écho à une réalité tragique : la réponse humanitaire, bien que bienvenue, est partielle. Les déplacés sont pris entre deux feux : d’un côté, les kits qui apaisent temporairement leurs besoins physiques, et de l’autre, la violence incessante des gangs qui dévastent leurs vies. La sécurité est le premier besoin exprimé par ces Haïtiens qui, à force de vivre dans l’insécurité, voient leurs conditions de vie se détériorer davantage.

Éric, un autre déplacé originaire de Codada, appuie ce sentiment : "Je vous le dis franchement : les kits ne nous sauveront pas. Ce n’est pas ça qui va nous rendre notre dignité. Nous avons besoin que l'État assure notre sécurité, nous avons besoin de pouvoir retourner chez nous sans risquer notre vie à chaque instant. Tant que les gangs continueront à nous terroriser, l’aide restera vaine."

L'insécurité dans les zones touchées par les gangs reste omniprésente. Les déplacés, bien que recevant des biens de première nécessité, sont constamment exposés à la violence des groupes armés, qui contrôlent souvent les zones où ils se réfugient. Aucun kit de nourriture ou d’hygiène ne pourra remplacer la garantie d'une vie en sécurité.

Les autorités haïtiennes, en investissant 250 millions de gourdes dans la distribution de kits, ne répondent qu'à une partie du problème. Une aide humanitaire qui ne prend pas en compte la dimension sécuritaire de la crise est, à bien des égards, une solution incomplète. Ce dont les déplacés ont réellement besoin, c’est de protection et de soutien pour retrouver une stabilité dans un environnement pacifié.

Par Maxime Daniel ETIENNE

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