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L’ONM lance une opération de relocalisation pour 10 000 familles

Face à la multiplication des familles déplacées internes occupant écoles, places publiques ou bâtiments désaffectés, l’Office National de la Migration (ONM) déploie un vaste programme de relocalisation. L’initiative, annoncée mardi 8 juillet 2025 par le directeur de l’ONM, Jean Négot Bonheur Delva, vise à accompagner 10 000 familles à travers l’octroi d’un chèque individuel de 100 000 gourdes. Plus d’un milliard de gourdes sont mobilisés pour financer l’opération.

Les bénéficiaires sont principalement des victimes de l’insécurité, contraintes de fuir leurs quartiers en proie aux affrontements armés entre groupes criminels rivaux. Beaucoup se sont réfugiées dans des établissements scolaires, paralysant leur fonctionnement depuis des mois. Le ministère de l’Éducation nationale avait tiré la sonnette d’alarme dès avril dernier, évoquant des dizaines d’écoles occupées, notamment dans les communes de Delmas, Croix-des-Bouquets et Cité Soleil.

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Selon les dernières données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 350 000 déplacés internes sont recensés à travers le pays, dont près de la moitié dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Les familles vivent entassées dans des conditions précaires, sans accès à l’eau potable, à des soins de santé de base ni à une sécurité minimale.

Si cette initiative de l’ONM suscite des encouragements et offre un semblant d’espoir à de nombreuses familles, plusieurs voix s’élèvent pour en souligner les limites. Une aide unique de 100 000 gourdes — l’équivalent d’un peu plus de 600 dollars américains — demeure bien modeste face au coût réel de la vie, surtout dans un marché locatif largement dollarisé, où les prix atteignent des niveaux inaccessibles pour les plus vulnérables.

Par ailleurs, la pression foncière dans les rares zones encore épargnées par la violence soulève une autre inquiétude : ces espaces pourront-ils durablement accueillir un afflux aussi massif, sans aggraver la crise urbaine et sécuritaire ? En l’absence d’une stratégie nationale de logement, de régulation foncière et de lutte coordonnée contre les groupes armés, cette opération, aussi ambitieuse soit-elle, risque de demeurer un simple palliatif face à une crise structurelle et persistante.

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Yvena ISIDOR

Journaliste

Journaliste, à la fois présentatrice de radio et rédactrice depuis 2021, Professeure de mathématiques avec une formation en génie civil, militante dans le monde culturel comme animatrice de club d'art et de spectacle.

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