Le gel des versements américains aux programmes de lutte contre la tuberculose met en danger des «millions de vie», a averti mercredi 5 mars l'OMS, une agence de l'ONU dont les États-Unis de Donald Trump ont annoncé qu'ils se retiraient.
Les efforts déployés à l'échelle mondiale pour lutter contre la tuberculose - maladie infectieuse la plus mortelle au monde dont sont mortes 1,25 million de personnes en 2023 - ont permis de sauver plus de 79 millions de vies au cours des deux dernières décennies, selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé. Mais ces avancées sont menacés par le gel de l'aide américaine, dont dépendent de nombreuses organisations, en particulier dans les pays pauvres. «Des coupes budgétaires soudaines menacent aujourd'hui de réduire à néant» les «progrès durement acquis» dans la lutte contre la tuberculose, «mettant en grand danger des millions de personnes, en particulier les plus vulnérables», a indiqué l'OMS.
Cet avertissement intervient alors que la Cour suprême américaine a rétabli mercredi une décision de justice sommant l'administration américaine de reprendre les versements dus à des organisations d'aide internationale, d'un montant estimé à entre 1,5 et 2 milliards de dollars.
Le président Donald Trump a signé le 20 janvier un décret ordonnant un gel de l'aide étrangère américaine pour 90 jours. Selon l'OMS, les États-Unis «ont fourni environ 200 à 250 millions de dollars par an en financement bilatéral aux pays pour lutter contre la tuberculose», soit «environ un quart» du montant total des fonds alloués par les donateurs internationaux.
Personnel de santé menacé : La réduction de l'aide représente une menace particulièrement forte pour 18 des pays les plus touchés par la tuberculose, dont les activités de prévention et de lutte contre la maladie dépendent à 89% du financement américain. La région africaine est la plus durement touchée, suivie de l'Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. «Toute interruption des services de lutte contre la tuberculose - qu'elle soit financière, politique ou opérationnelle - peut avoir des conséquences dévastatrices et souvent fatales pour des millions de personnes dans le monde», a déclaré Tereza Kasaeva, qui dirige le programme mondial de lutte contre la tuberculose de l'OMS.
La pandémie de COVID-19 a montré que les interruptions des services de santé avaient «entraîné une surmortalité due à la tuberculose de plus de 700 000 personnes entre 2020 et 2023», a-t-elle relevé. «Sans une action immédiate, les progrès durement acquis dans la lutte contre la tuberculose sont menacés. Notre réponse collective doit être rapide, stratégique et dotée de toutes les ressources nécessaires pour protéger les plus vulnérables et maintenir l'élan vers l'éradication de la tuberculose», a-t-elle poursuivi.
Selon l'OMS, les premières informations envoyées par les 30 pays les plus touchés par la tuberculose montrent que les coupes américaines «démantèlent déjà les services essentiels», avec notamment des «milliers de personnel de santé menacés de licenciement». Les chaînes d'approvisionnement en médicaments s'effondrent en raison du manque de personnel, de fonds et de données. Les activités des laboratoires sont également gravement perturbées, tout comme celles de dépistage et de recherche des contacts. «Sans intervention immédiate, ces défaillances systémiques paralyseront les efforts de prévention et de traitement de la tuberculose, réduiront à néant des décennies de progrès et mettront en danger des millions de vies», insiste l'OMS, qui rappelle que l'agence américaine de développement, l'Usaid, était le troisième bailleur de fonds mondial pour la recherche sur la tuberculose.
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