À l’ONU, la Russie alerte sur l’effondrement de l’État haïtien

• Par Yvena ISIDOR
• 30-08-2025
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• Le Placentin

Au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie a exprimé de vives inquiétudes sur la dégradation accélérée de la situation en Haïti. Le représentant permanent adjoint, Dmitry Polyanskiy, a décrit un pays en voie d’effondrement, où l’État recule face à l’emprise croissante des groupes armés.

Selon le diplomate, Port-au-Prince et ses environs connaissent une désintégration quasi totale de l’autorité publique. Les gangs, mieux armés et organisés, ont établi des structures parallèles basées sur l’extorsion, l’intimidation et la violence. Polyanskiy a également soulevé des inquiétudes sur de possibles bavures policières, qui viennent aggraver la méfiance envers les institutions.

La Russie a insisté sur les conséquences dramatiques pour les enfants. Polyanskiy a affirmé qu’environ 50 % des membres de groupes armés seraient mineurs. Il a aussi rapporté la fermeture de plus de 1 600 écoles, privant près de 240 000 enfants de leur droit à l’éducation, alors que les enlèvements et violences sexuelles se multiplient.

Sur le plan politique, le diplomate a estimé que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue du référendum et des élections annoncés pour l’an prochain. L’absence de gouvernance légitime, selon lui, entretient la crise et empêche toute perspective de stabilité durable.

Concernant la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), Moscou a mis en garde contre un financement jugé insuffisant et irrégulier. La Russie a reproché aux bailleurs internationaux de ne pas respecter leurs engagements, compromettant ainsi l’efficacité de l’opération. Elle appelle à un appui stable et prévisible pour renforcer la capacité des forces déployées.

Enfin, Polyanskiy a exigé l’application stricte de l’embargo sur les armes visant Haïti, soulignant qu’il demeure largement théorique. Pour la Russie, couper l’approvisionnement des gangs et rétablir l’autorité de l’État sont des conditions essentielles pour sortir de l’impasse. Cet avertissement intervient alors que le Conseil de sécurité discute d’un éventuel renforcement de la MSS et d’un bureau logistique onusien en appui aux opérations.