Haïti à l’ONU : une représentation affaiblie et sans influence, selon un expert

Diplomatie

Haïti à l’ONU : une représentation affaiblie et sans influence, selon un expert

À l’occasion de la 80e Assemblée générale des Nations unies, la diplomatie haïtienne a été pointée du doigt pour ses limites par l’expert en coopération internationale, John Miller Beauvoir.

Selon lui, la délégation haïtienne s’est présentée avec des handicaps structurels et institutionnels qui ont affaibli sa crédibilité sur la scène internationale.

Lors d’une intervention à l’émission Panel Magik, ce mercredi 24 septembre, M. Beauvoir a souligné le rôle ambigu du Conseil présidentiel en Haïti, où le chef de l’État n’exerce pas pleinement ses fonctions. « Cette absence de légitimité claire affaiblit la position d’Haïti auprès de ses partenaires et nuit à sa réputation », a-t-il observé.

Le politologue a également critiqué l’incapacité de l’État haïtien à protéger sa population et à garantir la sécurité sur son territoire. Il a rappelé le massacre de Laboderie, que l’ONU a condamné avant toute réaction officielle des autorités haïtiennes. « Quand l’ONU agit avant les dirigeants du pays, cela montre un manque de considération pour la population », a-t-il déclaré.

Selon M. Beauvoir, la délégation haïtienne, représentée par le conseiller présidentiel Laurent Saint-Cyr, n’a pas eu le poids diplomatique nécessaire pour marquer les débats internationaux. Il estime que Haïti a raté une occasion de s’exprimer sur des dossiers majeurs, comme la crise à Gaza, alors que le pays a historiquement défendu des principes comme le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’expert a aussi dressé un constat plus large sur l’état du multilatéralisme. « L’ONU peine à influencer les conflits mondiaux. Des crises comme l’Ukraine, le Sahel ou Gaza montrent la paralysie du Conseil de sécurité face aux rivalités des grandes puissances », a-t-il analysé. Il a enfin mentionné des événements récents, tels que la reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux et les positions controversées de l’ancien président Donald Trump, comme facteurs aggravants pour l’efficacité du système onusien.

Pour John Miller Beauvoir, même un petit pays comme Haïti ne peut rester en marge des grandes discussions internationales. « Aller à l’ONU sans défendre sa position sur les dossiers clés est une erreur stratégique », conclut-il.