Tensions entre la police et la justice après l’arrestation d’un individu dans le carré d’un juge par des agents de la BLTS

• Par Jean Rony Poito PETIT FRERE
• 16-09-2025
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• Le Placentin

Le lundi 15 septembre 2025, un incident inhabituel a éclaté au tribunal de première instance du Cap-Haïtien, mettant en lumière les tensions persistantes entre la police et le pouvoir judiciaire.

Cinq agents de la Brigade de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS) ont arrêté un individu directement dans le bureau du juge d’instruction Me Frito Aristil, sans mandat ni autorisation. Le magistrat a immédiatement dénoncé cette intervention comme une violation flagrante de ses prérogatives et s’est rendu à la direction départementale du Nord de la PNH pour déposer sa protestation, selon les informations rapportées par Média Libre Haïti.

Selon Me Aristil, la personne arrêtée se trouvait sous son autorité au moment de l’intervention. Il a déclaré aux journalistes : « C’est une personne qui était dans mon bureau. Pendant que nous étions en train de parler, des agents de la BLTS sont entrés et l’ont arrêtée. Je pense que, lorsqu’une personne se trouve sous mon autorité, ils n’ont pas ce droit. »

L’individu a été libéré peu de temps après et a regagné son domicile.

Cet incident s’inscrit dans un contexte déjà tendu à Cap-Haïtien, où les rapports entre police et justice ont été marqués par plusieurs affrontements ces dernières années. En février 2024, le commissaire du gouvernement a.i., Me Charles Édouard Durand, avait été agressé par des agents de l’UDMO en pleine rue. Quelques mois plus tard, des policiers du SDPJ avaient organisé une protestation devant le Palais de justice, accusant le doyen a.i., Me Joseph Alfred Manigat, de corruption et demandant justice pour l’assassinat de leur collègue Rémy Syncé.

Ces épisodes révèlent une rivalité persistante entre les deux institutions, chacune cherchant à affirmer son autorité, parfois au détriment de la coopération nécessaire au bon fonctionnement de l’État de droit.

La population capoise attend que police et justice travaillent de concert pour garantir la sécurité et la justice, mais la multiplication de ces affrontements donne l’image d’un État fragilisé, où ceux qui devraient protéger la société se livrent à une lutte d’influence permanente.