La décision de la Colombie de geler ses acquisitions militaires américaines illustre l’escalade des tensions avec son allié traditionnel. Washington a récemment retiré à Bogotá sa certification d’allié antidrogue, un geste perçu comme une sanction politique.
L’annonce a été faite par le ministre de l’Intérieur, Armando Benedetti, qui a confirmé qu’aucune nouvelle commande d’armement ne serait passée auprès des fabricants américains. Pour le président Gustavo Petro, cette rupture marque la fin d’une dépendance militaire jugée humiliante et ouvre la voie à une politique de défense davantage tournée vers l’autonomie nationale.
Le programme d’assistance antidrogue mis en place depuis les années 1980 liait directement le soutien militaire américain aux efforts d’éradication des cultures de coca en Colombie. Ce mécanisme représentait pour Bogotá un apport annuel d’environ 380 millions de dollars et a contribué à structurer les forces armées colombiennes autour de l’aide étrangère.
Avec la suspension des achats, c’est tout l’équilibre de la coopération bilatérale qui vacille. Les importations d’armes américaines, évaluées à 1,2 million de dollars en 2023, ne sont certes qu’une fraction du budget militaire colombien, mais elles symbolisaient un partenariat stratégique vieux de plusieurs décennies.
L’avenir de cette relation reste incertain. Alors que Petro plaide pour une armée « de souveraineté nationale », la décision de Bogotá risque de redessiner les équilibres militaires et diplomatiques dans une région où les États-Unis ont longtemps exercé une influence prépondérante.
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