La République dominicaine bat un record d’expulsions : plus de 300 000 Haïtiens rapatriés en dix mois

• Par Yvena ISIDOR
• 07-11-2025
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• Le Placentin

Entre janvier et octobre 2025, plus de 300 000 citoyens haïtiens ont été rapatriés de la République dominicaine, selon les chiffres officiels de la Direction générale des migrations (DGM). Ce total, en hausse de 72 % par rapport à la même période de l’année précédente, marque un record historique dans les opérations de contrôle migratoire dominicaines.

Selon les autorités dominicaines, cette augmentation résulte du renforcement des patrouilles frontalières et des opérations conjointes de la police et de l’armée dans plusieurs provinces, notamment Dajabón et Elías Piña. La DGM justifie ces mesures par la nécessité de contenir l’afflux croissant de migrants haïtiens, fuyant la crise sécuritaire, économique et politique qui sévit de l’autre côté de la frontière.

Toutefois, des organisations de défense des droits humains dénoncent les conditions de ces rapatriements, évoquant des violations récurrentes du droit international. Elles pointent du doigt des arrestations arbitraires, des séparations familiales et l’absence de procédures régulières, notamment pour les femmes et enfants nés en territoire dominicain. Ces pratiques, selon plusieurs ONG, accentuent la vulnérabilité de milliers de personnes déjà en détresse.

La multiplication des expulsions s’accompagne aussi d’un climat de tension dans certaines zones frontalières. Des témoignages recueillis à Ouanaminthe et Belladère font état d’arrivées massives, souvent sans accompagnement humanitaire suffisant, aggravant la pression sur les collectivités locales haïtiennes. Les autorités haïtiennes, quant à elles, peinent à apporter une réponse coordonnée face à cette situation.

Face à l’ampleur du phénomène, plusieurs voix appellent à une concertation bilatérale urgente pour encadrer les flux migratoires entre les deux pays. Alors que la République dominicaine revendique son droit souverain de contrôler ses frontières, la question humanitaire demeure au cœur du débat, rappelant la nécessité d’un dialogue durable fondé sur le respect mutuel et la dignité humaine.