Dans une note conjointe, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA) et plusieurs organisations du pays et de la diaspora alertent sur un complot en cours visant à plonger Haïti dans une crise encore plus grave. Selon ces organisations, des « forces des ténèbres » seraient à l’origine de cette manœuvre, menaçant davantage la stabilité et l’avenir du pays. Face à cette situation alarmante, elles lancent un appel à une mobilisation nationale pour contrer ce qu’elles considèrent comme une tentative délibérée de déstabilisation.
Sur la question constitutionnelle Après plus de 30 ans de dictature duvaliériste, marquée par la répression, l’exclusion, la persécution politique et la misère, la population haïtienne s’est mobilisée pour sortir du joug de l’autoritarisme. En 1986-1987, au terme d’un processus participatif, elle s’est donné une Constitution à l’issue d’un large débat démocratique. La Constitution de 1987 marque une rupture avec l’ancien système. Elle redéfinit les relations entre l’État et la Nation, valorise la culture haïtienne, la langue créole et le vodou, et établit un cadre républicain fondé sur l’économie solidaire et la décentralisation. Elle donne aux régions et aux collectivités locales un rôle clé dans l’administration et la gestion du pays, assurant ainsi une participation active des paysans, des femmes et des communautés rurales à la gouvernance.
Elle garantit l’indépendance de la justice, instaure une séparation claire des pouvoirs et réaffirme la souveraineté nationale. Dès sa première phrase, elle proclame solennellement : « Le Peuple haïtien proclame la présente Constitution ». Ainsi, la Constitution n’est pas un simple document juridique rédigé par quelques experts ou politiciens isolés. Elle est le contrat social fondamental entre toutes les composantes de la société. Toute modification doit suivre un processus transparent et participatif, conforme aux principes démocratiques. Toute initiative contraire, comme celle initiée par le KPT sous prétexte de révision constitutionnelle, n’est qu’une continuité du projet imposé par la communauté internationale et entamé sous le défunt président Jovenel Moïse.
Si des ajustements s’avèrent nécessaires dans le contexte politique, social et économique actuel, seul le Peuple haïtien est habilité à en décider. L’Accord du 3 avril 2024 stipule clairement que la question constitutionnelle doit être débattue et tranchée au sein de la Conférence Nationale, et non dans des cercles restreints.
Sur la pseudo-Conférence Nationale Dans un mépris total des principes de transparence et de consultation définis par l’Accord du 3 avril, le KPT a mis en place un Comité de pilotage chargé d’organiser une prétendue Conférence Nationale, dirigé par un ancien Premier ministre politiquement affilié au régime, accompagné d’individus impliqués dans les précédents gouvernements de Jovenel Moïse et Ariel Henry.
Face à la crise politique, sociale et historique que traverse Haïti, l’Accord du 3 avril 2024 prévoit une Conférence Nationale authentique, où le peuple pourra dialoguer sur son avenir et analyser les causes de l’échec de l’application de la Constitution de 1987. Ce doit être un espace de réflexion collective, visant à mettre fin au système de violence et d’injustice sociale, à renforcer la culture du dialogue et du consensus, et à établir des règles démocratiques durables pour la refondation de l’État. Or, ce que propose le Comité de pilotage du KPT n’est qu’une mascarade : une conférence mise en scène, organisée en cachette dans des hôtels luxueux, loin des véritables acteurs de la société civile et de la diaspora. Un budget de 5 millions de dollars américains a été alloué à ce simulacre, chaque membre du Comité percevant un salaire mensuel d’au moins 700 000 gourdes. Corruption, tensions internes et conflits d’intérêts gangrènent déjà cette structure illégitime.
Sur le référendum illégitime du Conseil Électoral Provisoire du KPT Parallèlement à cette imposture, le Conseil Électoral Provisoire (CEP) contesté du KPT ressuscite le projet de référendum constitutionnel initié sous Jovenel Moïse. Le pouvoir et ses alliés, profitant du climat d’insécurité et de terreur imposé par les gangs, tentent d’imposer un référendum frauduleux pour légitimer leur projet politique contraire aux intérêts nationaux. Selon eux, ce projet n’est rien de moins qu’un crime de haute trahison contre la souveraineté populaire.
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