Le Conseil présidentiel en sursis : deux blocs, une impasse

• Par Yvena ISIDOR
• 04-07-2025
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• Le Placentin

Alors que le pays s’enfonce dans l’instabilité, une guerre intestine secoue le Conseil présidentiel de transition (CPT), remettant en question sa viabilité à mi-parcours de son mandat. Sous la présidence tournante de Fritz Alphonse Jean, le CPT est aujourd’hui le théâtre de manœuvres politiques qui menacent de le faire imploser de l’intérieur.

Citant Gazette Haïti , deux résolutions concurrentes sont en discussion dans les coulisses du Conseil. La première vise à renverser Fritz Jean avant la fin de sa présidence, dans l’espoir de débloquer l’impasse institutionnelle. La seconde, tout aussi explosive, entend écarter trois conseillers pointés du doigt dans l’affaire de la Banque nationale de crédit (BNC), sur la base du récent rapport d’experts des Nations Unies.

Pour toute décision, cinq des sept voix votantes sont nécessaires. Le camp anti-Fritz Jean — Dr Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin — disposerait déjà de trois appuis. En face, Fritz Jean et Edgard Leblanc Fils s’y opposent. Entre les deux, Leslie Voltaire temporise. Sceptique sur la possibilité d’une majorité, il souligne l’absence de cadre légal pour révoquer des membres, sauf retrait volontaire.

Laurent Saint-Cyr, qui doit prendre la présidence en août, garde le silence. Observateur du bras de fer, il laisse les lignes se tendre sans se compromettre.

En parallèle, la pression monte : société civile et diaspora réclament une démission collective, dénonçant l’échec du CPT à restaurer la sécurité, préalable aux élections. En coulisses, la Caricom explore discrètement des alternatives de sortie de crise.

Sur le terrain, les gangs étendent leur emprise. Si certains quartiers de Port-au-Prince voient un répit, le Plateau Central et l’Artibonite sombrent. Après Mirebalais et Saut-d’Eau, Deschapelles est tombée ; Laschaobas est désormais menacée.

Pendant que le Conseil s’épuise en luttes internes, l’État recule, et le pays s’enfonce. Qui, du camp anti-Fritz Jean, des partisans d’un nettoyage éthique ou de l’immobilisme, imposera sa ligne ? Pour l’heure, seule une certitude persiste : pendant que les conseillers débattent, Haïti vacille.