Alors que les projecteurs devaient s’éteindre ce vendredi 4 juillet au soir sur les dernières notes d’un bal très attendu entre T-Vice et Klass au Hard Rock Hotel, le programme a basculé. Dans un communiqué publié en urgence, le groupe T-Vice a annoncé qu’il n’assurerait finalement pas sa prestation, évoquant un profond désaccord avec l’organisation de l’événement.
Selon la formation musicale, un accord avait été conclu depuis plus de six mois pour qu’elle ferme le bal, en reconnaissance de sa participation l’an dernier en tant que groupe d’ouverture. L’engagement aurait été confirmé à plusieurs reprises, y compris par écrit. Or, à quelques heures du spectacle, les organisateurs auraient modifié la programmation, demandant à T-Vice de jouer en ouverture, au lieu de clôturer la soirée.
Le groupe a qualifié ce revirement de « changement de dernière minute » et de manque de respect évident, jugeant la requête inacceptable tant sur le plan logistique que professionnel. En conséquence, T-Vice a préféré annuler sa participation, privant ainsi le public d’un moment attendu.
Ce type d’incident rappelle tristement certaines tensions récurrentes dans le secteur musical haïtien, où la place sur l’affiche — notamment celle du dernier groupe à se produire — est souvent perçue comme un marqueur de prestige et de reconnaissance. Dans les bals de grande envergure, la performance finale est associée à un statut symbolique, à la fois pour les artistes et leurs fans, ce qui nourrit rivalités et tensions. Derrière cette controverse se dessinent des problèmes structurels persistants : manque de transparence, absence de régulation contractuelle claire, gestion improvisée des événements. Autant de facteurs qui fragilisent la professionnalisation du secteur, malgré la notoriété croissante de certains groupes à l’international.
En prenant position publiquement, T-Vice envoie un signal fort. Le groupe revendique, au-delà de sa propre situation, le respect des engagements pris envers les artistes, et interpelle sur la nécessité d’un encadrement plus rigoureux dans l’organisation des spectacles. Ce combat dépasse le simple enjeu de la place sur scène ; il touche à la reconnaissance professionnelle et au respect mutuel dans un milieu encore marqué par l’amateurisme. Si les jazz doivent encore se battre pour déterminer qui ouvre ou qui ferme, alors le véritable chantier à engager n’est pas seulement musical : il est organisationnel, éthique, et profondément culturel.
Et le public dans tout ça ? Pris au dépourvu, le public se retrouve une fois de plus au centre d’un désaccord qu’il ne comprend pas, mais dont il subit pleinement les effets. Ceux qui s’étaient déplacés pour vivre un face-à -face T-Vice/Klass sont déçus, sans réelle explication, confrontés à un sentiment d’improvisation chronique.
Au-delà de la frustration, c’est la confiance du public qui s’effrite. Ces revirements de dernière minute nourrissent une image d’amateurisme qui nuit à toute l’industrie. Dans une scène musicale qui aspire à la reconnaissance, le respect du public doit être aussi fondamental que celui des artistes.
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