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Culture

Cap-Haïtien : la statue de maestro Richie décapitée

Quelques jours après son installation sur la place Vincent à Carénage, au Cap-Haïtien, la statue en marbre blanc du maestro Jean Hérard Richard, plus connu sous le nom de Richie, a été retrouvée décapitée. Ce monument, érigé pour rendre hommage au maestro du groupe KLASS, a été l’objet d’un acte de vandalisme qui a ravivé une controverse sur la légalité de l'initiative.

Un hommage artistique controversé : Installée le 28 décembre dernier, la statue avait pour objectif de saluer l'apport musical de Richie, une figure emblématique de la musique haïtienne. Réalisée en République dominicaine par l'artiste dominicano-italien Padila C. Juan, cette effigie n’a cependant pas fait l'unanimité. Certains ont salué cet hommage, le considérant comme un acte symbolique honorant un artiste ayant marqué plusieurs générations. D’autres ont cependant dénoncé la violation de l'article 7 de la Constitution haïtienne amendée de 1987, qui interdit le culte de la personnalité. Cet article stipule que les effigies et noms de personnes vivantes ne peuvent figurer sur des monuments publics, et qu'une autorisation préalable de l’Assemblée nationale est requise même pour les figures décédées.

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Des opinions divisées : La statue a rapidement suscité des débats animés dans la communauté. Pour certains, l’hommage à Richie était légitime, un geste de reconnaissance pour son influence culturelle. "Richie est un symbole de notre culture, il mérite cet hommage", a exprimé un fan du groupe KLASS. Mais pour d'autres, cet acte constituait une atteinte aux principes républicains, un précédent dangereux pour l’application de la loi. "On ne peut pas violer les lois pour célébrer un artiste, aussi exceptionnel soit-il", a déclaré un intellectuel local. Ces divergences d'opinions ont alimenté la tension autour de la statue, qui a été vandalisée peu après son inauguration.

L'acte de vandalisme et ses implications : L'acte de vandalisme ne s'est pas limité à l’altération de l'effigie ; il a également ravivé le débat sur le respect des lois en Haïti. Ce qui devait être un symbole de reconnaissance est devenu un point de friction, mettant en lumière les difficultés du pays à concilier initiatives populaires et respect de la Constitution.

Les autorités locales ont rapidement condamné l'acte, la mairie du Cap-Haïtien exprimant sa tristesse et promettant une enquête pour identifier les responsables. Mais au-delà de la dégradation de l'effigie, cette affaire soulève une question plus large : jusqu’où doit-on aller dans l'expression de la reconnaissance publique, tout en respectant les principes constitutionnels ? Comment éviter que de telles controverses ne fragilisent davantage l'unité nationale ?

KLASS et Richie : une relation profonde avec les fans : Malgré cette polémique, le groupe KLASS demeure un pilier de la musique haïtienne. Richie et ses musiciens ont récemment marqué les esprits lors de performances mémorables au Cap-Haïtien et dans la ville des Cayes. Ces événements ont renforcé les liens entre le groupe et ses admirateurs à travers le pays, solidifiant leur place dans le cœur des Haïtiens.

Réflexions sur l'avenir des monuments publics en Haïti : Cet incident soulève des questions plus larges sur la gestion des symboles nationaux en Haïti. Certains appellent à une régulation plus stricte des monuments publics, tandis que d'autres estiment que de telles initiatives populaires devraient être encouragées, mais toujours dans le respect de la loi. L’acte de vandalisme ne se limite pas à une simple dégradation de la statue de Richie. Il ouvre un débat plus profond sur la manière dont Haïti aborde la mémoire collective, le respect de la Constitution et l’application des lois, dans un contexte où l'unité nationale reste un défi majeur.

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