Les Mexicains sont appelés aux urnes ce dimanche 2 juin pour les "élections générales", un scrutin qui viendra ponctuer la campagne électorale la plus meurtrière de l’histoire du pays. Près de 30 candidats ont été assassinés, et les blessés se comptent par centaines. Pourquoi une telle violence ?
Les articles dans la presse se suivent et se ressemblent au Mexique. "Un candidat a été tué"… "Le corps démembré d’un candidat" a été retrouvé"… et derrière ces assassinats, la marque des cartels de la drogue, bien décidés à peser sur les élections générales. Du 23 septembre, date du début du processus électoral, au 1er mai, 28 candidats aux élections ont été assassinés, selon un décompte réalisé par l’organisation de la société civile Data CÃvica.
Le but ? Peser sur les élections générales, décrites par les médias comme les plus grandes élections de l’histoire du Mexique. Président, députés, sénateurs, gouverneurs et conseillers municipaux seront élus le dimanche 2 juin, ce qui rassemble près de 20 000 mandats. "Aucun parti politique n’est épargné, il n’y a pas de tendance claire quant à l’un ou l’autre qui serait davantage ciblé", déclare Itzel Soto, responsable du projet "Voter entre les balles", qui analyse la violence politico-criminelle pour l’association Data Civica, cité par Les Échos.
Le directeur du Laboratorio Electoral, Arturo Espinosa, interrogé par RFI, voit dans ces crimes la signature du crime organisé mexicain. "Il tente d’exercer une influence locale en tuant les personnes qui participent aux élections municipales afin de pouvoir présenter des candidats proches de ces organisations", expose-t-il.
Les narcotrafiquants et autres organisations mafieuses élimineraient donc les candidats qui pourraient les gêner dans leurs activités criminelles, qui vont désormais au-delà du trafic de drogue. Il faut dire qu’au Mexique, la corruption est très forte, surtout à l’échelon local. "Les mairies et les gouvernements d’États sont fondamentaux pour se composer un réseau de protection car ils décident des postes clés au sein de la police et de la sécurité publique", analyse ainsi dans Les Échos Sandra Ley, autrice du rapport "La démocratie bafouée".
Conséquence, de nombreux partis ont renoncé à présenter des candidats dans certaines localités, principalement dans les régions où le crime organisé sévit. Et les électeurs, eux, sont de moins en moins nombreux à vouloir se rendre aux urnes, une réelle menace pour la démocratie selon de nombreux observateurs. Ces élections s’annoncent donc comme les plus meurtrières de l’histoire du Mexique, le triste record de 24 morts en 2018 est d’ores et déjà battu, alors que l’insécurité est au cœur des programmes des candidats à l’élection présidentielle.
Et les méthodes sont dignes des films de gang les plus violents : "Lucero Esmeralda terminait sa longue journée de campagne électorale à la rencontre des habitants des différents quartiers de La Concordia (Chiapas, Sud) lorsqu’elle a été criblée de balles dans une station-service. La jeune candidate de 28 ans pour un parti local a été tuée avec six personnes qui l’accompagnaient, dont un jeune adolescent de 15 ans", raconte ainsi Le Figaro qui fait état de cette campagne sanglante. Avec la DEPECHE.fr
0 Commentaire