Depuis le début de la semaine, des informations concernant un contrat entre l’État haïtien et Erik Prince, ancien chef de la société militaire privée BlackWater, suscitent de vives inquiétudes. Ce contrat confierait à son entreprise la gestion de la sécurité et de la collecte fiscale aux frontières. Tandis que certains responsables politiques disent ignorer l’existence d’un tel accord, d’autres affirment qu’une décision d’une telle ampleur ne peut être prise unilatéralement par un gouvernement provisoire.
Fritz Alphonse Jean, ancien coordinateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), affirme que ses collègues et lui n’ont reçu aucune information sur un tel contrat. Il accuse le gouvernement d’avoir agi de manière unilatérale.
Haïti envisage en effet de confier à une entreprise privée la gestion de la sécurité et de la fiscalité à la frontière avec la République dominicaine, dans le but de freiner le trafic d’armes. Un haut responsable haïtien a confirmé au Miami Herald l’existence de négociations en cours, tout en niant qu’un accord ait été signé avec Erik Prince, contrairement à ce qu’avance Reuters. Selon Reuters, la société d’Erik Prince, Vectus Global, aurait conclu un contrat de 10 ans pour gérer la perception des taxes frontalières, avec pour objectif d’assécher les sources de financement des gangs.
Une source gouvernementale conteste l’existence de ce contrat, mais une autre confirme que Vectus figure parmi les entreprises en lice. De son côté, Vectus affirme avoir lancé un programme d’un an pour lutter contre les gangs, en plus d’un mandat de conseil à long terme visant à renforcer les capacités fiscales du pays.
Le projet est vivement contesté. Des voix comme celle de l’avocat Samuel Madistin y voient une dérive néocoloniale. Il critique un gouvernement provisoire qu’il juge corrompu et illégitime, incapable de renforcer ses propres institutions de sécurité, mais prêt à déléguer la gestion de ses frontières à une entreprise étrangère pour une durée de dix ans.
Par ailleurs, si Fritz Jean accuse Alix Didier Fils-Aimé d’avoir agi sans l’aval du Conseil présidentiel de transition (CPT), le Miami Herald confirme dans son article qu’aucun responsable, ni le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, ni les membres du Conseil présidentiel, n’a confirmé l’existence d’un accord avec Vectus Global.
Fritz Jean appelle le CPT à exiger des explications officielles concernant un éventuel contrat avec Vectus. Il propose également la mise en place d’un comité de suivi chargé de vérifier les faits et de garantir la transparence. Tout en exprimant des doutes sur l’existence réelle du contrat, il insiste sur l’importance de préserver la souveraineté nationale et de protéger les ressources stratégiques du pays, notamment les revenus issus des postes frontaliers. Cette controverse, toujours non confirmée officiellement, soulève de nouvelles interrogations sur la gestion des affaires publiques par le gouvernement intérimaire et confronte le Conseil présidentiel à son devoir de contrôle et de transparence.
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