Face à la montée continue de l’insécurité dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, un nombre croissant de familles se voient contraintes de fuir leurs domiciles. Delmas, longtemps perçue comme une zone relativement sûre, est devenue une destination privilégiée, mais elle n’est pas la seule. Certaines parties de Pétion-Ville et d’autres secteurs périphériques encore vivables accueillent également ces populations en quête de sécurité.
Cependant, ces espaces d’accueil voient leur marché immobilier se transformer sous la pression des déplacés. Dans ces secteurs encore épargnés par la violence la plus extrême, la demande de logements explose, provoquant une flambée des loyers et une spéculation effrénée. Des propriétaires, tirant profit de la détresse et de l’urgence, imposent des tarifs démesurés. Souvent, les loyers sont exigés en dollars américains, une monnaie perçue comme plus stable, accentuant la difficulté pour les familles à revenu modeste.
La double peine des déplacés est donc à la fois liée à la fuite de la violence et à l’impossibilité de se loger à un prix abordable. Cette situation fragilise encore davantage ces populations déjà meurtries, qui doivent parfois accepter des conditions de vie précaires, dans des logements surpeuplés, voire insalubres. La peur de la rue et de l’exclusion sociale s’ajoute alors au traumatisme de l’exode.
Malgré l’ampleur du phénomène, les autorités restent muettes. Aucune régulation claire n’est mise en place pour encadrer le marché locatif, laissant place à une spéculation sans limite. Pourtant, des mesures urgentes sont nécessaires pour freiner cette tendance, protéger les plus vulnérables, et assurer un accès au logement digne et équitable.
La situation souligne aussi l’importance de rétablir la sécurité dans les quartiers affectés. Ce n’est qu’à ce prix que les familles pourront envisager de retourner chez elles et que la pression sur les zones dites « sécurisées » pourra se relâcher. En attendant, la solidarité, les actions communautaires et les initiatives publiques doivent s’unir pour répondre à cette crise du logement qui menace la stabilité sociale.
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