Détenu depuis le 29 mars dernier en Russie, le journaliste du Wall Street Journal a vu sa détention provisoire allongée de deux mois supplémentaires lors d’une audience à huis clos ce mardi 28 novembre 2023. Suspecté d’espionnage par la justice russe, il rejette toujours ces accusations, de même que Washington.
L’espoir d’une libération rapide d’Evan Gershkovich s’amenuise. En effet, un tribunal de Moscou a prolongé mardi 28 novembre de deux mois, jusqu'au 30 janvier, la détention provisoire du journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté fin mars en Russie pour «espionnage», une accusation qu'il rejette. «La période de détention d’Evan Gershkovich … est prolongée… jusqu’au 30 janvier 2024», a annoncé dans un communiqué le service de presse du tribunal Lefortovski. Dans une vidéo diffusée par ses soins, Evan Gershkovich, vêtu d’une chemise à carreaux noir et blanc et d’une veste sombre à capuche, a écouté calmement la décision de justice depuis la cage métallique des prévenus. Fin août, sa détention provisoire avait déjà été étendue de trois mois, jusqu’au 30 novembre.
Le reporter américain de 32 ans, d’origine russe, qui vit en Russie depuis six ans et travaille avec une accréditation officielle du ministère des Affaires étrangères, avait été arrêté le 29 mars par le FSB (les services de sécurité russes) lors d’un reportage à Ekaterinbourg, dans l’Oural. Il était en train de boucler une enquête sur la perception par la société russe des mercenaires de Wagner et de leur patron, Evgueni Prigojine – mystérieusement décédé lors du crash de son avion le 23 août dernier.
Selon le FSB, «il tentait d’obtenir des informations classifiées», notamment «sur les activités d’une entreprise du complexe militaro-industriel russe». Depuis, Evan Gershkovich est détenu dans la prison de Lefortovo à Moscou, utilisée par le FSB pour maintenir les prisonniers dans un isolement quasi-total. Accusé d’espionnage, l’ancien journaliste du Moscow Times et de l’Agence France Presse risque jusqu’à 20 ans de prison.
«Cela fait environ 250 jours qu’Evan est emprisonné de manière injuste, et chaque jour est une journée trop longue, a dénoncé le Wall Street Journal, qu’il avait rejoint en janvier 2022, dans un communiqué. Les accusations le visant sont catégoriquement fausses et son emprisonnement qui continue est une attaque effrontée et révoltante contre la presse libre.» Pour la Maison Blanche, les accusations visant Evan Gershkovich sont «ridicules» ; sa détention, «totalement illégale» selon le président Joe Biden. «Nous sommes profondément préoccupés par la décision du tribunal, a déclaré l’ambassade des États-Unis à Moscou. Nous réitérons notre appel à sa libération immédiate.»
La prolongation de la détention d’Evan Gershkovich ne faisait presque aucun doute. Pour des accusations aussi graves, la justice russe ne remet que très rarement en liberté des personnes incarcérées dans l’attente de leur procès. Pour autant, la Russie n’a jamais étayé ses accusations, ni apporté publiquement d’éléments de preuve, tandis que l’ensemble de la procédure a été classée secrète. Pour l’heure, aucune date de procès n’a été avancée.
En mars, l’interpellation d’Evan Gershkovich avait suscité une onde de choc : aucun journaliste occidental dûment accrédité par les autorités russes n’a été arrêté ni accusé d’espionnage par le Kremlin depuis l’époque soviétique. A partir de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Kremlin a durci ses représailles envers les journalistes travaillant sur son territoire. Le conflit a également entraîné un regain de tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie – Washington soutient Kyiv militairement et financièrement face à Moscou.
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