À six mois de l’expiration du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT), le chantier constitutionnel demeure inachevé. Le Comité de pilotage, pourtant chargé de livrer un texte final depuis juillet, n’a toujours pas abouti à une version consolidée à soumettre au CPT. Cette situation entretient le flou autour du calendrier électoral et fragilise davantage la crédibilité de la transition politique.
Selon plusieurs sources, la prolongation du processus résulte de demandes émanant de partis, d’associations et de structures citoyennes qui ont souhaité transmettre de nouvelles observations. Le Comité de pilotage a préféré accorder ce délai supplémentaire au nom de l’inclusion et du consensus, au risque de repousser l’échéance. Ce choix soulève un dilemme majeur : faut-il privilégier l’exhaustivité et la participation, ou bien répondre à l’urgence institutionnelle qui exige un texte finalisé ?
Le Conseil électoral provisoire (CEP) est, lui aussi, dans l’expectative. Sans publication officielle du projet de Constitution dans Le Moniteur, l’organe électoral ne peut annoncer ni calendrier ni référendum. Or, le décret référendaire du 3 juillet 2025 impose un délai minimal de 60 jours entre la publication du texte et la tenue de la consultation populaire, réduisant d’autant plus les marges de manœuvre.
À ce facteur institutionnel s’ajoute l’impératif sécuritaire. Malgré l’affectation de 67,5 millions de dollars au financement du référendum et des élections dans le budget 2025-2026, les conditions de sécurité ne sont pas réunies. Les groupes criminels conservent une emprise considérable sur des zones stratégiques, ce qui compromet de facto la logistique d’un scrutin national.
Ainsi, le pays se trouve face à un paradoxe : un processus qui se veut inclusif mais qui, par ses lenteurs, risque de compromettre la faisabilité d’un référendum dans les délais de la transition. Derrière ce retard se dessine une interrogation plus profonde : s’agit-il d’un simple contretemps administratif, ou d’une stratégie politique visant à repousser, voire reconfigurer, le calendrier de la transition ?
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