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Kamala Harris montre ses forces et ses faiblesses dans une interview à risques sur Fox News

Elle est enfin descendue dans la fosse aux lions. Alors que sa campagne patine depuis deux semaines et qu'elle enchaîne les entretiens complaisants, Kamala Harris a accordé une interview à la chaîne conservatrice Fox News ce mercredi 16 octobre.

Un face-à-face forcément tendu lors duquel on a retrouvé la pugnacité affichée par l'ancienne procureure lors de son débat face à Donald Trump. Mais en attaquant systématiquement son adversaire pour éviter de répondre aux questions difficiles, sur l'immigration, notamment, la vice-présidente ne fait pas taire ses critiques, à moins de trois semaines du scrutin. Contexte important : Harris était interviewée par Bret Baier. C'est un journaliste de Fox News, et pas un éditorialiste trumpiste comme Sean Hannity ou Jesse Watters. L'an dernier, il avait d'ailleurs malmené Donald Trump, qui l'avait qualifié de « nasty » (« infect ») pour ses questions difficiles.

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Harris en difficulté sur l'immigration et le déclin de Joe Biden : Baier vise la jugulaire d'entrée. Il demande à Harris combien d'immigrants illégaux l'administration Biden a-t-elle « relâchés » sur le territoire américain en quatre ans, et si elle regrette avec le recul la décision prise de revenir sur la politique « Remain in Mexico » – qui obligeait depuis 2019 les demandeurs d'asile à rester au Mexique le temps que leur dossier soit examiné.

Harris, qui peut difficilement admettre une erreur, assure que le système d'immigration est « cassé » de longue date. Et elle attaque aussitôt Donald Trump qui a « tué » le projet de réforme négocié par les deux partis au Congrès car « il préfère faire campagne sur un problème plutôt que le régler ». Une ligne de défense habituelle qui ne change rien aux faits : l'administration Biden a assoupli la politique migratoire et a attendu que ce dossier explosif ne devienne trop plombant politiquement pour la durcir à nouveau par décret. Compliqué aussi, pour la démocrate, d'assumer avoir défendu la dépénalisation des traversées illégales de la frontière lors de la primaire démocrate en 2020. « C'était il y a 5 ans. J'ai été claire depuis, je suivrai et j'appliquerai la loi », répond-elle, sans expliquer pourquoi elle a changé de position – ce qui renforce son image de girouette, avec des positions et des principes difficiles à cerner, surtout pour les électeurs indécis.

Sur l'économie, Harris passe à nouveau plus de temps à parler du programme de Donald Trump que du sien. Mais sa réponse la moins convaincante de toute l'interview concerne Joe Biden. Alors qu'elle attaque les capacités cognitives de Donald Trump, le journaliste lui demande à quel moment elle avait remarqué un déclin du président, que l'Amérique a vu de ses propres yeux lors du débat de la fin juin. Harris réfléchit puis répond : « Je l'ai observé du Bureau ovale à la Situation room. Il a le discernement et l'expérience pour prendre des décisions importantes pour les Américains. » Baier la relance. « Bret, Joe Biden n'est pas candidat. Donald Trump oui, et les Américains sont inquiets. » Elle assure quand même que sa présidence « ne sera pas une continuation » de celle de Joe Biden.

Harris contre-attaque sur « l'ennemi de l'intérieur » : Baier, réputé « tough but fair » (« dur mais juste »), franchit la ligne rouge à deux reprises. Sur l'immigration, il montre à Harris le témoignage d'une mère éplorée, dont la fille, Jocelyn Nungaray, 12 ans, a été violée et tuée par deux migrants originaires du Venezuela. Et demande à la candidate si elle « doit des excuses » à sa famille et à celles de Laken Riley et Rachel Morin, elles aussi tuées par des migrants en situation irrégulière. « Ce sont des cas tragiques. Je ne peux pas imaginer la douleur de ces familles pour une perte qui n'aurait pas dû arriver », dit Harris. Le journaliste de Fox News revient à la charge avec le témoignage d'Alexis Nungaray, qui affirme devant le Congrès que « la politique de la frontière ouverte de l'administration Biden-Harris est responsable de la mort de ma fille ». « Je suis vraiment désolée pour sa perte, je suis vraiment désolée, sincèrement », répond Harris avec empathie. Elle semble authentique, et c'est sans doute le mieux qu'elle pouvait faire sur ce terrain miné.

Harris s'engouffre dans la brèche. « Bret, avec tout le respect que je vous dois, ce clip n'est pas ce qu'il a dit sur ''l'ennemi de l'intérieur''. Ce n'est pas ce que vous avez montré. Il l'a répété à maintes reprises. Nous savons tous les deux qu'il a suggéré de déployer les militaires contre le peuple américain, d'emprisonner ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Dans une démocratie, le président des États-Unis devrait être capable d'encaisser les critiques sans dire qu'il va jeter (leurs auteurs) en prison. C'est l'enjeu (de cette élection). Son ancien chef d'état-major Mark Milley a dit qu'il était une menace pour l'Amérique. » Kamala Harris est plus forte quand elle retire les gants. Avec le point.

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