Le nommé Sergueï Khadjikourbanov est un ex-policier russe condamné à vingt ans de prison pour son rôle dans l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa en 2006, a été gracié par Vladimir Poutine pour avoir rejoint les forces russes en Ukraine, a indiqué mardi son avocat à l'AFP. La mort de la journaliste, tuée par balles à Moscou le 7 octobre 2006, soit le jour de l'anniversaire du président russe, est l'un des meurtres les plus retentissants de l'ère Poutine, aux commandes de la Russie depuis 2000 et qui a vu nombre de ses détracteurs assassinés.
Alexeï Mikhaltchik, l'avocat de Sergueï Khadjikourbanov, a indiqué à l'AFP que son clientdevait purger sa peine jusqu'en 2030, mais les autorités lui ont proposé un contrat du fait de son expérience dans une unité des forces spéciales russes. Alexeï Mikhaltchik avait initialement révélé l'information aux médias russes Baza et RBK.
La famille de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa et son employeur, le journal Novaïa Gazeta, ont dénoncé mardi la «monstrueuse injustice» après l'annonce de la grâce. «C'est une monstrueuse injustice arbitraire, une profanation de la mémoire d'une personne tuée pour ses convictions et la réalisation de son devoir professionnel», ont déploré la famille et Novaïa Gazeta dans un communiqué commun. La grâce accordée par Vladimir Poutine n'est en aucun cas "une preuve de l'expiation et des remords du meurtrier", poursuivent-ils. Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), a fustigé sur X (ex-Twitter) "le cynisme" du président russe.
Des dizaines de milliers de détenus russes ont signé de tels contrats avec des formations paramilitaires comme le groupe Wagner. Ces hommes ont souvent servi dans les secteurs les plus dangereux du front et, de l'aveu même du défunt patron de Wagner, Evguéni Prigojine, y ont été utilisés comme de la chair à canon. Mais les survivants retrouvaient leur liberté. Cette politique est publiquement assumée par le Kremlin. "Les personnes condamnées, y compris pour des crimes graves, expient leur crime par le sang sur le champ de bataille", a encore déclaré vendredi Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.
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