Des sénateurs démocrates ont demandé vendredi au gendarme boursier américain de déterminer si Donald Trump avait commis une infraction en encourageant l'achat d'actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane. Les six démocrates, emmenés par la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, ont noté dans une lettre adressée à la Securities and Exchange Commission (SEC) que Donald Trump avait écrit sur sa plateforme Truth Social, tôt mercredi, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street : «C'EST LE BON MOMENT POUR ACHETER».
Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique. La Maison Blanche a déclaré au Washington Post que le message de Donald Trump visait uniquement à «tranquilliser» le public, et qu'il avait la responsabilité de «rassurer les marchés et les Américains quant à leur sécurité économique».
«Nous demandons instamment à la SEC d'enquêter pour déterminer si les annonces douanières ont enrichi les proches et les amis de l'administration aux dépens du public américain», ont écrit les sénateurs. Ils demandent de vérifier si «des proches, y compris la famille du président, ont eu préalablement connaissance de la pause tarifaire et ont effectué des transactions boursières avant l'annonce du président».
La lettre appelle la SEC à déterminer si le président, ses donateurs ou d'autres personnes s'étaient livrés à des manipulations de marché, à des délits d'initiés ou à d'autres violations des lois sur les titres financiers. La SEC n'est pas contrainte de répondre favorablement à cette demande d'enquête. Son président Paul Atkins a déjà eu maille à partir avec Elizabeth Warren, la principale démocrate de la commission bancaire du Sénat, qui l'a accusé de conflits d'intérêts en raison de ses liens avec le secteur des services financiers.
Cette lettre, signée notamment le chef de l'opposition démocrate au Sénat Chuck Schumer, intervient dans un contexte d'inquiétudes sur la possibilité que Donald Trump -et sa famille- ne profite de sa position de président pour s'enrichir, bien qu'aucune preuve de corruption n'ait été apportée. Quelques jours avant son investiture fin janvier, Donald Trump avait lancé un «memecoin», une cryptomonnaie sans utilité économique ou transactionnelle, surfant sur l'engouement populaire autour d'une personnalité ou d'un phénomène viral sur internet.
«Maintenant, n'importe qui dans le monde peut déposer de l'argent sur le compte bancaire du président des États-Unis en quelques clics», avait souligné son ancien conseiller Anthony Scaramucci sur les réseaux sociaux après le lancement. «Chaque faveur - géopolitique, commerciale ou personnelle - est maintenant en vente, au grand jour», avait-il dénoncé.
Le Placentin avec AFP.
0 Commentaire