L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a demandé la mise en mouvement de l’action publique contre l’ancien Protecteur du Citoyen, Renan Hédouville, sa fille Régine Hédouville Louis, et plusieurs anciens cadres de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), pour des faits graves de corruption. Ces accusations concernent notamment le détournement de biens publics, l’abus de fonction, la passation illégale de marchés publics et l’entrave à la justice.
L’enquête, lancée à la suite d’une dénonciation de l’Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH), révèle qu’entre 2020 et 2024, sur 17 voyages officiels planifiés par l’OPC, 10 n’auraient jamais été réalisés. Pourtant, plus de 16 millions de gourdes ont été décaissées, notamment pour des billets d’avion et des per diem. Ces fonds provenaient directement du Trésor public et ont été alloués à des délégations dirigées par l’ex-Protecteur du Citoyen.
La Commission d’enquête de l’ULCC a retracé les montants versés sur les comptes bancaires des bénéficiaires grâce à la collaboration de plusieurs institutions, dont la Direction de l’Immigration, l’Agence Sans Souci (chargée des réservations), et des banques locales. À titre d’exemple, cinq chèques totalisant plus de 1,3 million de gourdes ont été encaissés par M. Hédouville pour des missions fictives. Sa fille Régine Hédouville et son époux Tex Willer Celafoi Louis auraient, à eux seuls, perçu plus de 3 millions de gourdes pour des voyages jamais effectués.
Parmi les autres personnes indexées figurent Juliana Thomas Simplice, Mimose Moyard, Jean Jolin Dodier et Hugues Narcisse, tous anciens responsables administratifs ou financiers de l’institution. Le rapport de l’ULCC indique également que l’État a perdu plus de 7,4 millions de gourdes en billets d’avion payés à l’Agence Sans Souci pour des déplacements fantômes entre 2022 et 2024.
Face à l’ampleur des irrégularités, l’ULCC recommande officiellement au parquet de poursuivre les personnes citées, conformément aux articles de la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption. Ce dossier, l’un des plus retentissants impliquant une institution publique de défense des droits, met en lumière les défis persistants de gouvernance et de transparence dans l’administration haïtienne.
0 Commentaire