Deux journalistes français ont été expulsés, aux premières heures de mercredi 20 septembre 2023 à Casablanca, par les autorités marocaines. Leur refoulement serait pour l’instant dû à leur « immixtion » dans les affaires internes du royaume.
Ce mercredi 20 septembre, tôt le matin, une dizaine d'agents des forces de l'ordre marocaines sont venus appréhender nos envoyés spéciaux Quentin Müller et Thérèse Di Campo dans leur hôtel à Casablanca avant de les renvoyer manu militari par le premier avion à Paris.
Quentin Müller, rédacteur en chef adjoint au service monde de l’hebdomadaire français Marianne, et Thérèse Di Campo, basée au Maroc depuis 2016 en tant que reporter et photojournaliste à Middle East Eye, ont été interpellés à trois heures (3h) du matin ce mercredi par des policiers en civil. Ils ont été, par la suite, « emmenés et expulsés de force du pays sans aucune explication », fait savoir Quentin Müller dans un post sur X (ex-Twitter).
Il était trois heures du matin ce mercredi 20 septembre, à Casablanca, quand une dizaine d'hommes viennent frapper à la porte de la chambre de nos deux de journalistes arrivés la veille dans le Novotel de la rue Sidi-Beltout. « Ils nous ont mis dans un van, nous ont dit que nous n'étions pas les bienvenus et que nous les dérangions, et qu'ils allaient nous mettre dans le prochain avion pour la France ! » explique Quentin Müller du service « Monde » de Marianne. Notre reporter comme la photographe Thérèse Di Campo, avec qui il sillonnait le pays depuis une semaine, n'auront pas d'autres explications. « Nous sommes restés quelques heures dans les locaux de la police judiciaire de l'aéroport, puis nous avons été amenés dans un avion de Royal air Maroc sans autre forme de procès. »
Pendant cinq jours, les deux reporters avaient notamment enquêté sur le roi Mohamed VI et ont rencontré des «personnalités marocaines surveillées», a expliqué Müller à l'AFP. «C'est pour ça qu'on a été arrêtés, il n'y a pas d'autre explication», a-t-il estimé, qualifiant son arrestation de «purement politique». L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, sur la plateforme X (ex-Twitter) «une atteinte brutale et inadmissible à la liberté de la presse».
Ces expulsions surviennent sur fond de tensions dans les relations entre le Maroc et la France, qui se sont de nouveau manifestées après le séisme ayant frappé la région de Marrakech le 8 septembre. Depuis, des commentateurs marocains ont vivement critiqué la couverture du tremblement de terre par des médias français, la jugeant impartiale et orientée contre le roi Mohamed VI.
Mercredi, le Conseil national de la presse (CNP) a ainsi annoncé dans un communiqué avoir adressé une plainte au Conseil de déontologie journalistique et de médiation français (CDJM) à propos de publications parues dans les journaux Charlie Hebdo et Libération. Le CNP a dénoncé des «violations» s'inscrivant «dans un contexte d'attaques de la part de plusieurs médias français contre le Maroc et ses institutions, après que les autorités marocaines n'ont pas donné suite à l'aide proposée par la France après le séisme».
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