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Quatre ans après, le procès de la mort de Diego Maradona s’ouvre ce mardi

Enchaînement de négligences coupables, ou fin inéluctable d'un corps usé? Quatre ans après la mort de Diego Maradona, sept professionnels de santé sont jugés à partir de mardi dans un procès à l'issue incertaine, voué à raviver l'émotion intacte des Argentins pour leur «Dieu». Légende du football mondial, Diego Armando Maradona est décédé à 60 ans d'une crise cardio-respiratoire, le 25 novembre 2020, seul sur un lit médicalisé d'une résidence privée de Tigre, au nord de Buenos Aires, où il était en convalescence, après une neurochirurgie pour un hématome à la tête.

Son décès avait plongé l'Argentine, découvrant soudainement son «Dieu» mortel, dans un abîme de tristesse, trois jours de deuil national, et des scènes d'affliction, larmes et gratitude mêlées, frisant parfois l'hystérie, autour de la veillée au palais présidentiel, ou derrière le cortège funèbre. À Tigre, c'est l'infirmière de jour qui l'avait découvert sans vie en fin de matinée, l'infirmier de nuit disant avoir eu «ordre de ne pas le réveiller», mais ayant attesté que Maradona dormait et respirait normalement à la relève, à 06H30.

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Selon l'autopsie, l'ancienne gloire de Boca Juniors et de Naples, le héros du Mondial 1986 avec l'Albiceleste, est décédée «d'un œdème pulmonaire aigu secondaire et d'une insuffisance cardiaque chronique exacerbée». Mais Maradona, selon l'expertise médicale, souffrait de multiples pathologies: problèmes rénaux, au foie, insuffisance cardiaque, détérioration neurologique et dépendance à l'alcool et aux psychotropes. Sept personnes sont jugées: le neurochirurgien Leopoldo Luque, la psychiatre Agustina Cosachov, le psychologue Carlos Diaz, la coordinatrice médicale Nancy Forlini, le coordinateur infirmier Mariano Perroni, le médecin clinicien Pedro Pablo Di Spagna et l'infirmier Ricardo Almiron. Pour le parquet, ce personnel médical a été «protagoniste d'une hospitalisation à domicile sans précédent, totalement déficiente et imprudente», et aurait commis une «série d'improvisations, de fautes de gestion et de manquements».

Retardé par plusieurs renvois, le procès à San Isidro (banlieue de Buenos Aires) devrait durer jusqu'à mi-juillet, à raison de trois jours par semaine, avec près de 120 témoins entendus, entre experts, famille, proches, médecins de Maradona au fil des ans. L'infirmière Dahiana Gisela Madrid a obtenu d'être jugée séparément du procès principal, et par un jury populaire, a priori en juillet. Les accusés sont poursuivis pour «homicide simple avec dol éventuel», caractérisé lorsqu'une personne commet une négligence tout en sachant qu'elle peut entraîner la mort de quelqu'un. Ils encourent entre 8 et 25 ans de prison.

Les stratégies de défense semblent se dessiner, illustrées par les auditions des témoins en début d'enquête: soit se retranchant derrière leur spécialité, leur rôle segmenté autour de la star, soit rejetant la responsabilité sur d'autres. Ainsi le coordinateur infirmier, qui assura n'avoir «jamais été dans la maison, ni en contact» avec Maradona, seulement chargé des tableaux de service. Et dépendant «des décisions des médecins qui s'occupaient de lui». Ou la psychiatre qui dit n'avoir fait que suivre l'état mental de Maradona, rien à voir avec son décès pour défaillance cardiaque, indique son avocat Vadim Mischanchuk, se disant à l'AFP «très optimiste» en vue d'un acquittement.

«Justice pour Diego! » : Mais le procès devrait aussi entendre des échanges de messages audios et écrits, qui selon Mario Baudry, avocat de Dieguito, un des fils de Maradona, montre qu'«ils (l'équipe médicale) savaient que si Diego continuait ainsi, il mourrait». «Ce qu'ils disent dans les audios et messages, c'est d'essayer de s'assurer que les filles de Diego ne l'emmènent pas, car si elles l'emmenaient, ils perdaient leur argent», a-t-il accusé.

Maradona, qui refusait les médicaments des mains des infirmiers, selon des témoignages, était-il seulement soignable? Qui décida d'une convalescence dans un lieu manifestement inapte, sans défibrillateur? Quel rôle ou accès avait sa famille? Qui, au final, décidait? Autant de questions qui amènent une partie de la presse à s'interroger: «Y aura-t-il des coupables pour la mort de Maradona?», demande le quotidien Pagina 12. Mais pour les Argentins vénérant «el Pibe de oro», il en faudra. «Justice pour Diego!» clament des graffitis dans le quartier El Paternal, qui le vit «naître» footballistiquement, à 15 ans, au club d'Argentinos Juniors. «Toute la société, on a besoin de savoir (...) ce qui s'est vraiment passé, qui l'a abandonné, et que ceux qui doivent payer payent!», lâchait à la veille du procès Hilda Pereira, retraitée encore émue en repensant qu'«il ne méritait pas de mourir comme il est mort, dans la solitude». Avec AFP.

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