Le système judiciaire haïtien peine à répondre aux besoins de la population. Entre manque de juges et inégalités territoriales, l’accès à la justice reste un défi majeur.
Selon le dernier rapport du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Haïti compte 890 magistrats, dont 655 juges en fonction. Pour une population de plus de 11 millions d’habitants, cela représente à peine 5,5 juges pour 100 000 personnes, un chiffre bien en deçà des standards internationaux.
Le déséquilibre territorial aggrave encore la situation. À Port-au-Prince, le tribunal de première instance dispose de 21 juges, alors que des juridictions comme Grande Rivière du Nord ou Fort-Liberté n’en comptent que 3 à 5. Conséquence : des délais de traitement beaucoup plus longs et un accès limité à la justice pour certaines régions.
Les tribunaux de paix, première ligne de contact avec les citoyens, ne sont pas mieux lotis. Port-au-Prince regroupe 60 juges pour 15 tribunaux, tandis que des villes comme Miragoâne ou Anse-à -Veau n’ont qu’une dizaine de magistrats pour couvrir de vastes territoires. Ces disparités accentuent l’inégalité face à la justice.
La représentativité des femmes dans la magistrature reste marginale. 79 % des juges et parquetiers sont des hommes. À la Cour de cassation, seules trois femmes siègent parmi 11 juges, et une seule figure au parquet. Dans les cours d’appel, la proportion féminine tombe à 16 %, soit 9 femmes sur 55 juges. Quelques juridictions, comme Hinche ou les Gonaïves, font figure d’exception, mais elles restent rares.
Pour le CSPJ, il est urgent de réformer le système. Le rapport recommande des politiques de recrutement inclusives et un meilleur équilibre territorial des magistrats. Si la présidence stable de la Cour de cassation, sous Jean Joseph Lebrun, offre une continuité, la modernisation du système judiciaire reste indispensable pour assurer une justice accessible, équitable et représentative.
0 Commentaire