La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a fustigé samedi comme une «calomnie» l’accusation de Donald Trump selon laquelle son gouvernement aurait des liens avec le narcotrafic, et a annoncé l’imposition de droits de douane aux États-Unis en représailles à ceux annoncés plus tôt par le président américain.
«Nous rejetons catégoriquement la calomnie de la Maison Blanche qui accuse le gouvernement mexicain d’avoir des alliances avec des organisations criminelles», a écrit Mme Sheinbaum sur X, annonçant des «mesures douanières» contre Washington.
Les États-Unis justifient cette hausse des taxes douanières par la volonté de forcer le Mexique, le Canada et la Chine à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux États-Unis. Donald Trump a expliqué sur son réseau Truth Social s'appuyer sur une loi de 1977, l'International Emergency Economic Powers Act, qui permet au président de réglementer le commerce en cas de situation d'urgence nationale. En cause, «la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl. Nous devons protéger les Américains et c'est mon devoir en tant que président de m'assurer de la sécurité de tous», a écrit M. Trump.
Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l'autre côté de la frontière. «Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux États-Unis», a expliqué la Maison Blanche sur son compte X.
Concernant le Mexique, ils resteront en place «jusqu'à ce que le Mexique coopère avec les États-Unis pour lutter contre le trafic de drogue. Les cartels mexicains sont les premiers trafiquants mondiaux de fentanyl, méthamphétamine et d'autres drogues». La Maison Blanche a affirmé que les cartels avaient «fait alliance avec le gouvernement mexicain», sans pour autant fournir de preuves. Une affirmation qualifiée de «calomnie» par Claudia Sheinbaum.
La présidente mexicaine a rencontré dans la journée des chefs d'entreprise, son ministre de l'Économie Marcelo Ebrard y voyant le signe que «le secteur privé serre les rangs autour de la présidente et de sa défense de l'intérêt national face à l'arbitraire commercial».
Ce samedi soir, plusieurs ministres ont rejoint la présidente au Palais National pour une réunion d'urgence, selon les médias locaux. «Nous savions pour les droits de douane mais il est sans précédent de voir le gouvernement américain faisant officiellement le lien entre le gouvernement mexicain et les narcotrafiquants», a déclaré à l'AFP l'ancien ambassadeur mexicain Agustin Gutierrez Canet. «Ce paragraphe est extrêmement dur et inquiétant, c'est l'élément le plus grave au-delà de l'aspect économique. Trump est coutumier de ce type de rhétorique pour mettre la pression mais personne devrait agir à la légère de la sorte», a-t-il ajouté.
0 Commentaire