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Éditorial

Haïti : quand l’argent du service d'intelligence est divisé entre les conseillers

Il est difficile d’envisager une véritable sécurité en Haïti tant que les ressources destinées à la protection du pays sont dilapidées entre des conseillers présidentiels qui semblent plus intéressés par leurs profits personnels que par la sécurité nationale. L’argent censé être alloué à la lutte contre les gangs, à l’intelligence stratégique et à la gestion des crises est détourné dans les poches de ceux qui sont supposés gérer la sécurité du pays.

Selon une déclaration de Smith Augustin, chaque conseiller présidentiel reçoit une rémunération mensuelle qui frôle l’indécence, en dépit de la situation de crise que vit le pays. En effet, chaque conseiller touche 200 000 gourdes de salaire de base, complétées par 73 000 gourdes pour les frais de fonctionnement, 400 000 gourdes pour le loyer, 500 000 gourdes pour des cartes prépayées, 250 000 gourdes pour le carburant et 20 000 gourdes pour les recharges téléphoniques. Cela fait un total de 1 463 000 gourdes par conseiller, soit un fardeau mensuel de 13 167 000 gourdes pour l’État haïtien pour les 9 conseillers. En 8 mois, cette somme atteint 105 336 000 gourdes, une somme faramineuse alors que les Haïtiens manquent de ressources de base, y compris la sécurité.

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Comment espérer la sécurité quand l'argent destiné à la protection nationale est distribué pour des privilèges personnels ? Ces dépenses astronomiques ne sont qu'une illustration du dédain des élites pour les conditions de vie du peuple. Plutôt que d’investir dans des solutions de sécurité efficaces, ces fonds sont utilisés pour financer un train de vie luxueux, sans aucune garantie de résultats.

Pendant ce temps, les gangs prolifèrent, la population vit dans la peur et l'instabilité règne. La priorité des conseillers semble être de s'assurer un confort personnel au détriment de l’avenir du pays. L’État semble avoir démissionné de sa mission principale : protéger ses citoyens.

Avec ces 105 millions de gourdes, l'État pourrait financer des programmes de sécurité, de santé et d'éducation pour des milliers de familles haïtiennes qui vivent dans la précarité, une ironie cruelle face à la gestion des ressources publiques.

Il est urgent que la société civile, les organisations de défense des droits humains, et les acteurs politiques prennent des mesures immédiates pour mettre fin à ce système de corruption qui prive les Haïtiens de leurs droits fondamentaux, y compris celui à la sécurité. Le gouvernement, qui est censé incarner l’intérêt général, est ici complice par son inaction face à cette malversation organisée.

Tant que ce système perdurera, Haïti ne pourra espérer aucune véritable avancée en matière de sécurité. La priorité devrait être de remettre cet argent dans des mesures concrètes pour restaurer l'ordre, mais tant que ceux qui détiennent le pouvoir continuent à en profiter, la sécurité restera une promesse vide. Le peuple haïtien mérite mieux.

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